Dominique Cuvillier

Ophtalmos, opticiens, à quand une filière une et indivisible ?
- lundi, 19 mai 2025
L’année passée, le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) a saisi le Conseil d’État pour amender le décret sur l’adaptation de la primo-prescription par les opticiens. Les sages du Conseil d’État ont récemment donné raison aux ophtalmologistes. Un revirement étonnant quand on sait que le décret en vigueur depuis l’été dernier avait suscité peu de réactions et semblait satisfaire les porteurs. D’autant que le nombre d’ophtalmologistes continue de reculer : ils étaient 4 705 en 2023 et 4 691 en janvier 2024. Face à eux, la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) a recensé 44 238 opticiens au 1er janvier 2024 (42 339 en 2023) répartis dans 13 300 magasins d’optique. Un poids démographique réel et un maillage territorial qui devraient participer à la problématique des déserts médicaux qui concernent aussi l’optique.
Selon la société d’études Pro-Conso France, les opticiens ont su installer une relation de confiance avec les Français ; une enquête nationale réalisée en mai 2021 « témoigne de l’enthousiasme des consommateurs à distinguer leur opticien pour sa qualité et son engagement ». Opticien chez qui ils vont s’équiper quand le besoin s’impose avec une ordonnance dûment signée par un ophtalmo, cela va sans dire. Pour rappel, en France, 7 personnes sur 10 portent des lunettes toutes corrections confondues. Pourquoi marginaliser les opticiens dans le parcours de soins visuels alors que le nombre de porteurs est patent ? Pourquoi les exclure, ainsi que les optométristes, des conférences scientifiques du congrès organisé par la Société Française d’Ophtalmologie qui s’est tenu les 10, 11 et 12 mai derniers ? Une forme d’indifférence qui n’a pas empêché les organisateurs de louer des stands à des enseignes nationales d’opticiens…
À quand une filière une et indivisible (qui respecte les différences) pour partager les savoir-faire et les bonnes pratiques, former tous les professionnels engagés et aborder la santé visuelle sous l’angle des porteurs, pas des corporatistes ? Faut-il rappeler que c’est le pouvoir de l’économie qui permet d’accéder à la santé, laquelle passe aussi par le commerce et pas uniquement par les cabinets médicaux… Les mentalités évoluent avec une délégation de tâches promue depuis longtemps déjà par des professionnels comme le Dr Mehdi Cherif qui s’exprimait dans Le Journal du Dimanche du 11 mai : « Pour répondre à la demande des patients, même dans les secteurs ruraux éloignés, nous avons créé six cabinets secondaires (…) animés par une vingtaine d’auxiliaires médicaux diplômés d’une école d’orthoptiste, de niveau bac+3. » Une initiative soutenue par le Dr Vincent Dedes, président du SNOF : « Elle est très représentative de la profession ; 85 % des ophtalmos travaillent désormais en équipe avec des orthoptistes, des infirmiers et même des opticiens ». Un changement de braquet et une évolution sensible où les opticiens se font une (petite) place dans un écosystème médical global avec des professionnels aux compétences complémentaires. « Nous sommes très en avance et l’une des spécialités médicales les plus accessibles », souligne Vincent Dedes toujours dans le JDD. À tel point que le délai d’obtention d’un rendez-vous non urgent chez un ophtalmologiste serait passé de 66 à 19 jours.
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Droits de douane et lunettes : gare au boomerang !
- jeudi, 24 avril 2025
Fidèle à lui-même, Donald Trump assume sa politique au bazooka pour châtier « les pays qui volent les Américains depuis des années ». Il annonce des droits de douane exorbitants, la fin du multilibéralisme, la priorité à la souveraineté nationale, une confrontation agressive avec la Chine, un dédain assumé pour l’Europe et une forme de fascination/répulsion pour la Russie avec un Poutine va-t’en guerre. Cette politique de l’égoïsme contestée par les uns, soutenue par les autres, invite à réfléchir au monde d’aujourd’hui et plus encore de demain.
Le secteur de l’optique-lunetterie européen ne va pas échapper à cette agressive bataille des droits de douane, et sans aucun doute ralentir son développement. Selon Vantage Market Research, le marché mondial de l’optique-lunetterie devrait passer de quelque 188 milliards de dollars en 2024 à plus de 480 milliards de dollars en 2035, dont près de 42 milliards de dollars pour le marché US en 2024 et plus de 58 milliards de dollars en 2035. Impossible d’évaluer le recul du marché mondial cette année et celles d’après, tout dépendra des foucades de Donald Trump qui, espérons-le, sera peut-être calmé par un milieu économique plus raisonnable. Bien que le soutenant en surface, les acteurs industriels, en partie silencieux semble-t-il, n’apprécient guère les perspectives d’un monde fermé, car si le président américain entend arrêter les importations à ses frontières, il semble oublier que son pays est aussi exportateur.
Ironie de l’histoire, dans le domaine de l’optique-lunetterie, les deux marques iconiques Ray-Ban et Oakley sont dans le portefeuille d’EssilorLuxottica donc, elles ne sont plus américaines ; il n’en reste pas moins que de nombreuses marques créateurs originaires du pays de l’Oncle Sam exportent en Europe et ailleurs. Citons Ahlem, Bevel, Barton Perreira, Chrome Hearts, Dita, Garrett Leight California Optical, Jacques Marie Mage, l.a. Eyeworks, Leisure Society, Modo, Moscot, Ovvo, Raen, Robert Marc NYC, Salt., Sama, Selima Optique… qui ont enrichi le marché international en le stimulant par une approche moderne et intemporelle du style. Il serait dommage que, par un boycott ciblé, les Européens évitent des marques américaines et que, par un même effet boomerang, les Américains se privent des marques européennes (dont Ray-Ban et Oakley !) qu’ils apprécient par des droits de douane prohibitifs.
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Les lunetiers courtisés par les GAFAM
- mercredi, 22 mai 2024
Lors du dernier Mobile World Congress à Barcelone en février dernier, certains s’interrogeaient quant à la forme et à l’usage du remplaçant du smartphone dont les ventes reculent depuis six ans faute d’innovations de rupture. En regard de cette crise de croissance, des start-ups s’attellent à promouvoir des objets portables réduits à une sorte de pin’s, dopés à l’IA et fonctionnant à la seule voix pour faciliter la connect-mobilité et supprimer la gestuelle tactile des écrans jugée obsolète. Des innovations très balbutiantes à observer d’un œil.
Solaires : jamais sans ma griffe ?
- jeudi, 18 avril 2024
Le soleil se fait désirer au nord et à l’est de l’Europe, les météorologues constatent « une anomalie de précipitations » depuis le début de l’année qui devrait évoluer vers « un été très chaud et sec cet été, avec un risque de périodes caniculaires récurrentes, potentiellement notables mais également durables. »