Le syndicat des ophtalmologistes publie une enquête qui fait un état des lieux de l’activité actuelle des médecins. Et tire la sonnette d’alarme : les patients nécessitant un suivi régulier ne consultent plus…

Mi-mars, témoignant ici même sur la situation dans le Grand Est, le Dr Thierry Bour nous avait dit qu’une enquête auprès de ses confrères était en cours ; la voici publiée aujourd'hui. Réalisée auprès de plus de 1 500 ophtalmologistes et portant évidemment sur l’impact de la crise sanitaire en cours sur leur activité, cette étude nous apprend que 60 % des cabinets sont actuellement ouverts. « L’activité y est en très nette baisse depuis le passage au stade 3 : 82 % des ophtalmologistes ont une activité en baisse d’au moins 95 % par rapport à leur activité habituelle. Seulement 6 % des ophtalmologistes ont une activité supérieure à 15 % de celle de la période pré-confinement », détaille la direction du syndicat. Les répondants à l’enquête identifient plusieurs facteurs pour expliquer cette chute importante de la fréquentation : la majorité d’entre eux considère, en toute logique, « le déclenchement de la phase 3, avec les consignes de sortir le moins possible, de limiter les déplacements au maximum, de reporter à plus tard tout ce qui n’est pas indispensable (91,7%) comme le facteur principal de leur baisse d’activité ». D’autres éléments sont aussi à prendre en compte : « Les consignes de bonnes pratiques professionnelles (77,5 %), les consignes données aux personnes à risque de ne pas se déplacer (65,6 %), et la peur des patients d’attraper le virus en venant en consultation (61,3 %) sont également des explications clairement identifiées par les professionnels de la filière visuelle. Dans une moindre mesure, les ophtalmologistes attribuent aussi cette baisse d’activité à la crainte des patients d’être verbalisés en cas de contrôle par les forces de l’ordre (13,5 %), ou encore à la réduction des moyens de transport (10 %) », expose l’organisation professionnelle. 

Un point sur lequel le SNOF tient à insister : toutes les dispositions ont été prises, parfois non sans mal, pour maintenir un accès sécurisé à une consultation. « Conformément aux recommandations du Conseil National Professionnel d’Ophtalmologie, la quasi-totalité des ophtalmologistes protège son personnel, et a intégré efficacement les gestes barrière. 99 % des collaborateurs des cabinets ouverts portent des masques, et 22% se sont équipés d’hygiaphone (ou équivalent). D’autres protections telles que les gants, blouse-surblouse, charlotte-calot, solution hydroalcoolique, sur-lunettes, ou encore plaque de plexiglass, sont également utilisées », tient à faire savoir l’instance. Si le syndicat estime que les praticiens ont donc pris toutes les précautions nécessaires pour assurer la continuité des actes de soin, qu’ils soient d’urgence ou liés au suivi post-opératoire et de pathologies chroniques, « les patients sont rares ». D’où la vive inquiétude de M. Bour, notamment à propos des patients qui nécessitent un suivi au long cours : « Nous nous inquiétons de la baisse majeure du nombre de consultations en médecine spécialisée, qui fait craindre de lourdes conséquences sur la santé visuelle des Français si la situation se prolonge. (...) Il est important de continuer à se faire soigner, et à assurer le suivi de certaines pathologies, sans perte de chances pour les patients ». Il insiste : « Nous appelons les patients aux pathologies nécessitant un suivi rigoureux ou des soins en urgence de consulter sans délai en cabinet, où toutes les précautions sont prises pour assurer leur sécurité. Il en va de leur santé visuelle. »

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