
Marché de la seconde main : une occasion à saisir pour les opticiens ?
Un article de Courrier International du 10 janvier 2025 fait état du « boom » du marché de l’occasion : « D’ici à 2030, les ventes de la mode de seconde main dépasseront celle de la fast-fashion. » Une réalité qui questionne le marché du neuf : faut-il s’approprier ce marché ou l’ignorer ? Raúl González, fondateur de la plateforme de mode durable Ecodicta, choisit évidemment l’appropriation ; selon lui, « d’ici à 2030, 80 % des marques de mode auront leur propre plateforme de revente ». L’objectif est de s’engager dans la réduction de l’empreinte carbone de l’économie et dans le même temps de se donner une image vertueuse, tout en profitant d’une nouvelle source de revenus.
Selon un rapport d’Oxford Economics publié en octobre 2024, « la revente a un impact positif sur l’environnement, mais elle a aussi un immense potentiel pour dynamiser une croissance économique durable. » Les experts ont calculé que la seconde main « a contribué pour 7 milliards d’euros au produit intérieur brut de l’Union européenne et du Royaume-Uni en 2023 », tout en créant « 150 000 emplois verts ».
Une aubaine dont souhaitent tirer avantage des enseignes d’opticiens. Krys Group a annoncé en mai dernier le rachat de Seecly, une start-up dédiée aux lunettes reconditionnées. Dans un même élan, Atol est entré au capital de Zac, une société spécialisée elle aussi dans les lunettes reconditionnées. De son côté, le Groupement Optic 2000 (Optic 2000 et Lissac) a été précurseur en 2023 avec son programme Revue « pour encourager la consommation responsable et s’inscrire résolument dans l’économie circulaire ». Il ne s’agit pas ici de proposer une offre de lunettes reconditionnées, mais d’inviter les porteurs à prolonger la vie de leurs lunettes, en les réparant et en les entretenant en magasin.
Si le marché de la seconde main est une opportunité pour les enseignes d’opticiens, qu’en est-il des marques de lunettes confrontées au risque d’une cannibalisation de l’offre entre produits neufs et produits d’occasion ? La représentation associée à l’achat d’occasion a changé : un produit de seconde main apparaît plus qualitatif et durable puisqu’il a déjà connu une première vie, il limite le gaspillage et il est plus accessible financièrement qu’un produit écologique. Face à ce marché de l’occasion en croissance, les lunetiers doivent réagir et s’engager en termes d’écoconception, de matériaux écologiques, de production respectueuse de l’environnement avec des lunettes durables. Encore faut-il que les porteurs soient prêts à en payer le prix. Une étude de Boston Consulting Group (BCG) menée en 2024 montre que seulement 19 % des consommateurs européens interrogés sont prêts à payer plus cher des produits respectueux de l’environnement, un chiffre qui tombe à 11 % en France. La conscience écologique des consommateurs se situe toujours au niveau de leur portefeuille…
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