Après la pénurie structurelle de main-d’œuvre évoquée lors de mon dernier post, l’industrie de l’optique va-t-elle connaître des pannes récurrentes liées à différents paramètres ? Entre la guerre en Ukraine en passe de durer encore de longs mois, le Covid qui continue de paralyser la Chine, les stress climatiques et énergétiques, l’explosion du coût des transports et des matières premières, avec pour corollaire une inflation tous azimuts, les entreprises de l’optique-lunetterie sont sous tension. Comme toutes les industries mondialisées qui vont devoir supporter une fragmentation géopolitique en marche où des blocs de pays créent des clivages qui imposent de revoir les stratégies industrielles.

Dans une tribune parue dans Le Journal du Dimanche du 14 août dernier, Jean-Daniel Lévy, directeur de Harris Interactive, s’alarmait : « Si ces pénuries devaient se poursuivre, ce serait un modèle de représentation du monde qui changerait. Avec des conséquences sur l’opinion et les pratiques qu’il est actuellement difficile d’anticiper. » Selon lui, les citoyens consommateurs gâtés/gavés ne sont pas prêts à sacrifier leur confort et il prédit une poursuite des contraintes actuelles ; il faut donc se préparer à une transformation du système de l’intérieur.

Produire une paire de lunettes est fort heureusement beaucoup moins complexe qu’une voiture électrique, il n’en reste pas moins qu’il faut repenser les chaînes de production et d’approvisionnement, en relocalisant tout ou partie, en augmentant le nombre de fournisseurs, en installant des unités de production dans des pays plus stables politiquement… La nature de la mondialisation va changer sans disparaître, ce qui impose aussi d’accélérer et d’intensifier le processus d’innovation à l’épreuve de la pénurie pour créer des produits adaptés à une économie tendue. Et dans le même temps, revoir l’orientation créative des marques qui devront accélérer la mise en place d’une politique de développement durable efficiente, d’écoconception, de recyclage, etc., en bref de trouver les moyens de réconcilier pénurie structurelle et impact sociétal positif ; un mal pour un bien.

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