La candidate aux primaires des Républicains a répondu présent à l'invitation, hier soir, des opticiens de l'association O.S.C.A.R. Elle s'est déclarée ouvertement contre les réseaux de soins et entend porter dans le débat politique certaines revendications des professionnels de santé.

Hier soir, au Novotel Vaugirard, il y avait du monde pour écouter Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM) et Frédéric Bizard. D'une capacité de 350 places, la salle était pleine aux trois quarts. Cette rencontre avec les opticiens parisiens était en quelque sorte le point d'orgue d'un tour de France initié par l'association d'opticiens O.S.C.A.R*. Prenant le premier la parole, l'économiste de la santé Frédéric Bizard a une nouvelle fois contesté le principe même de réseau de soins, selon lui à tous points de vue incompatible avec les fondements de notre système de santé. Contredit un peu plus tôt dans la journée par la Mutualité Française dans une tribune, M. Bizard, qui n'a pas vraiment cherché à répliquer, s'est toutefois félicité qu'un débat contradictoire puisse "enfin s'engager", et ce dans la perspective des prochaines échéances présidentielles. Reprenant certains éléments de langage de l'économiste de la santé, Nathalie Kosciusko-Morizet, en lice rappelons-le pour la primaire des Républicains, a débuté son intervention en constatant, pour le déplorer, que "le sujet de la santé fait peur politiquement" alors même "qu'il est hyper-présent dans la vie de tous les Français". D'où sa présence, hier soir, à cette rencontre : car la députée se fait fort de porter dans l'espace médiatique ce thème "maltraité depuis des décennies". Et d'inciter en ce sens les professionnels de santé à ne pas relâcher la pression car pour l'heure, en matière de santé, "l'encéphalogramme médiatique est plat".

Abordant plus concrètement la question des réseaux de soins, NKM semble avoir été convaincue par la démonstration de Frédéric Bizard et les retours d'expérience partagés avec elle par les membres d'OSCAR. Pour l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy, les réseaux cumulent les "erreurs" de la politique gouvernementale actuelle qui s'est à la fois engagée dans un processus d'étatisation mais aussi, comme "prise de panique", dans une privatisation de la gestion du risque santé. Ce double mouvement fait dire à NKM que "les réseaux de soins portent tous les vices et les dérives du système de santé" tel qu'il est aujourd'hui. Et d'enfoncer le clou face à un auditoire qui semblait attendre une telle formule-choc : "Il faut refuser les réseaux de soins parce que, sous des dehors sympathiques pour le patient, ils ont des effets profondément délétères". Parmi ces effets, a-t-elle cité, il y a avant tout la remise en cause de l'indépendance du professionnel de santé dans son travail et la perte de liberté du client quant au choix de son praticien. Si vive que soit sa déclaration, NKM n'entend toutefois pas prendre position frontalement contre les Ocam. Bien consciente de leur importance dans le dispositif de santé actuel, elle semble en priorité vouloir revoir leur rôle pour mieux garantir la liberté de choix, aussi bien côté patient/client que côté professionnels de santé.

Outre NKM, un autre candidat à la primaire des Républicains serait volontiers venu à la rencontre d'hier soir s'il n'avait été déjà engagé dans un meeting à Rouen : François Fillon. Invité à la dernière minute, un de ses conseillers santé, le chirurgien Jean-Yves Le Goff, a lu au pupitre une lettre de l'ancien Premier Ministre. François Fillon aussi semble opposer aux réseaux de soins, et d'abord parce qu'il se dit attaché à la "défense de l'exercice libéral de la santé". Parmi les propositions de son programme sur le volet santé, M. Fillon a déclaré qu'il proposerait, s'il était élu, "la création d'une agence de contrôle de l'assurance santé privé".

* un acronyme qui désigne les Opticiens Sans Complémentaire Avec Réseau.

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