Disponibles sur prescription, les verres destinés aux jeunes porteurs myopes représentent en France un marché prometteur. Nous avons essayé d’en cerner les contours à travers quelques indicateurs.

En Asie où il a historiquement vu le jour, le marché des verres de freination de la myopie infantile est solidement constitué. En France, il s’agit encore d’un segment naissant, et pour cause : il n’a qu’un an d’existence tout au plus, amorcé par Hoya et le lancement de son MiYOSMART Vision. Un an après l’émergence de cette nouvelle catégorie de verres sur le marché hexagonal, qu’en est-il des ventes ? Pour savoir ce que représente concrètement ce segment en devenir, nous nous sommes logiquement tournés vers les verriers qui commercialisent des produits dédiés, à savoir, outre Hoya précédemment cité, Essilor (pour les Stellest) et, depuis peu, Zeiss (avec MyoVision Ace).

Chez Hoya, on fait état à ce jour de 45 000 enfants français équipés du verre MiYOSMART. À l’échelle mondiale, c’est plus d’un million de jeunes porteurs qui le sont déjà. « En termes de ventes en Europe, la France est le pays le plus en avance, immédiatement suivie par l’Italie, constate Jean-Michel Lambert, à la tête du verrier. À titre de comparaison, nous faisons trois fois plus de volumes ici qu’en Italie. » Il estime à environ 6 000 le nombre d’opticiens français ayant vendu au moins une fois un MiYOSMART, dont un tiers n’était pas des clients habituels du verrier. « Notre produit est tout aussi bien vendu par les indépendants que par les opticiens sous enseignes nationales. Du fait de la structure du marché français, où les enseignes pèsent davantage, ce sont ces dernières qui de facto en vendent le plus », détaille le dirigeant d’Hoya, ravi que tous les professionnels de santé se soient « aussi rapidement appropriés » ce verre innovant. « La caution scientifique des différentes études que nous avons menées, et continuons de mener, nous a d’emblée permis d’avoir de la crédibilité. Pour nous, cette catégorie de produits exige plus que jamais de solides et sérieuses publications médicales. Avant de nous lancer, c’était indispensable que la recherche ait validé la promesse de notre verre. »

Du côté d’Essilor, on avance pour la France le chiffre de plus de 25 000 enfants équipés depuis le lancement des verres Stellest en juin 2021. Dans le monde, ce sont quelque 400 000 enfants qui en portent (chiffre pour 2021). « À date, la moitié des opticiens français ont déjà vendu des verres Essilor Stellest, fait valoir Marie-Aude Lemaire-Motel, directrice marketing et communication d’Essilor France. Si l’on regarde uniquement nos opticiens partenaires, une très grande majorité d’entre eux ont déjà vendu ces nouveaux verres ». Ce qui réjouit Essilor, c’est « le très bon accueil de toutes les parties prenantes ». Et le verrier d’assurer que les ophtalmologistes, « pour la quasi totalité, connaissent dorénavant les verres de freination de la myopie et pensent être amenés à en prescrire davantage ». Un constat qui fait écho à celui du professeur Leveziel que nous avons récemment questionné sur ce sujet. « Les prescripteurs se sont bien familiarisés avec ces nouvelles solutions », nous répondait-il, questionné en janvier, à propos de la connaissance grandissante des dispositifs novateurs proposés alors et par Hoya et par Essilor.

Zeiss est le dernier arrivé en date sur ce segment qui, en France, trouve peu à peu ses marques. Fin février, le verrier a en effet officialisé le lancement dans l’Hexagone de la gamme MyoVision Ace, sa troisième génération de produits dédiés au contrôle de la myopie chez l’enfant. Le verrier revendique deux décennies d’expérience dans le domaine, avec un premier brevet dès 2005. Depuis leur lancement en Asie en 2010, 8 millions de verres MyoVision ont été vendus (toutes générations confondues) et plus de 3 millions sur la seule année 2021. Dans les trois premiers mois de lancement de la nouvelle gamme en Asie (la version Ace, donc) qui a débuté à l’été 2021, plus de 100 000 verres ont été vendus, détaille Zeiss. Et quelles sont les premières tendances en France ? « Déjà 600 points de vente ont commandé des verres Zeiss MyoVision Ace. Nos indices les plus vendus sont les 1.6, 1.5 et 1.67, dans cet ordre, avec une puissance sphérique moyenne de -3.20 D ».

« Le coeur de cible de cette nouvelle catégorie de verres, c’est la tranche d’âge 7-12 ans », indique encore M. Lambert qui rappelle par ailleurs que plus de 2 millions des jeunes ayant entre 7 et 17 ans présentent une myopie, dont 650 000 à développement rapide : « Ces derniers sont à équiper en priorité pour éviter qu’à l’âge adulte ils ne développent des complications liées à leur myopie ». Côté Essilor, on précise que les verres Stellest peuvent être recommandés aux enfants dès l’âge de 6 ans sur prescription d’un ophtalmologiste et que le test clinique a été effectué sur une population âgée de 8 à 13 ans. « Le port de ces lunettes dîtes de défocalisation myopique est recommandé entre 6 et 12 ans », nous avait dit le Pr Leveziel lors de notre échange déjà mentionné. Et d’insister : « Plus tôt ces moyens sont mis en œuvre, plus l’évolution de la myopie sera ralentie ».

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