La « concertation » entre les syndicats d’opticiens et la Direction de la Sécurité sociale est au point mort. Hier matin, le ROF et le SYNOM ont claqué la porte des négociations tandis que la FNOF exige la prise en compte de certains préalables avant la poursuite de toute discussion. De son côté, le ministère de la Santé semble vouloir calmer le jeu.

Le clash était prévisible, il a bel et bien eu lieu. Hier matin, au cours d’une nouvelle réunion avec la Direction de la Sécurité sociale, le Rassemblement des opticiens de France (ROF) et le Syndicat national de l’optique mutualiste (SYNOM) ont quitté la table des négociations, dénonçant à l’unisson « une fausse concertation ». Joint par téléphone dans l’après-midi, André Balbi, le président du ROF, justifie cette décision ainsi : « Rien n’évolue, les discussions sont figées et nous assistons à un simulacre de négociation. À chaque réunion c’est la même chose : on veut nous mettre devant le fait accompli. Nos propositions ne sont jamais prises en compte. Une vraie concertation ne devrait pas se dérouler de la sorte », explique-t-il, évoquant les réunions du 27 mars puis celles du 5 et, donc, du 10 avril. Un communiqué commun publié par le ROF et le SYNOM dans la foulée enfonce le clou, dénonçant « le projet technocratique piloté par la DSS, en contradiction avec les engagements politiques du Président de la République et de la Ministre des Solidarités et de la Santé. Aucune disposition n’est en effet prévue pour améliorer la prévention et l’accès aux soins visuels. Le projet actuel consiste essentiellement à interdire aux Français de changer leurs lunettes avant 3 ans et à baisser fortement les niveaux de couvertures des contrats responsables. Aucune disposition n’est prévue pour améliorer la prévention, l’accès aux soins ou les compétences des opticiens ».

Également présente à cette réunion, la délégation de la Fédération nationale des opticiens de France constate elle aussi un blocage des discussions, mais son président, Alain Gerbel, n’approuve pas pour autant la façon de faire de ses homologues : « La FNOF a décidé d’aller jusqu'au bout et a signifié à ses interlocuteurs qu’il n’y aurait pas de négociations tarifaires tant que certains éléments indispensables ne seront pas précisés ». Contacté par téléphone en fin de journée hier, M. Gerbel pose en effet des conditions à une reprise de la concertation. Ses exigences sont de plusieurs ordres : « On doit connaître le périmètre de la mesure, savoir enfin à qui s’adresse précisément le RAC 0 et comment cette mesure sera financée. La question de la délégation de tâches doit aussi être abordée tout comme celle de l’organisation de la filière ». Mais ce n’est pas tout puisque la FNOF réclame d’autre part l’élaboration d’un texte encadrant les pratiques des réseaux de soins, suivant les recommandations formulées dans le rapport IGAS. Elle demande également la prise en charge du tiers-payant dans le cadre de la convention CNAM et, au-delà, un mode unique de transmission des données via Sesam vitale 1.40 et Scor, et ce « sur le modèle du guichet unique style CMU », précise M. Gerbel.

Interlocutrice des syndicats d’opticiens, la Direction de la Sécurité sociale s’attendait-elle à une telle situation ? Faute d’organisations professionnelles face à elle, comment « la concertation » pourrait-elle se poursuivre ? Auditionnés hier après-midi par les sénateurs du groupe LREM, les syndicats d’opticiens ont fait part de leur vif mécontentement. Et d’après nos informations, certains des parlementaires auraient relayé auprès des intéressés des messages d’apaisement venant du ministère de la Santé qui, visiblement, souhaite temporiser. Si la FNOF n’a pas « couper les ponts », selon les mots de son président, elle conditionne la reprise des discussions - normalement prévue le 16 avril - au respect des préalables qu’elle a formulés. Du côté du ROF, il faudra des éléments très concrets pour rétablir sinon la confiance du moins la communication : « La poudre aux yeux, ça suffit », nous a déclaré André Balbi.

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