Fin décembre, le gouvernement a montré un vif intérêt pour la profession d'optométriste. Puis silence radio. Dans l'attente de connaître sa position définitive, élus et syndicats de tous bords se manifestent. Certains souhaitant sa reconnaissance, d'autres pointant un conflit d'intérêts.

Interrogation, attente et opposition. C'est, pour résumer rapidement, les trois situations que l'éventuelle reconnaissance de l'optométrie en France suscite actuellement. De fait, certains élus s'interrogent. C'est le cas, ces derniers jours, de deux députés issus de la majorité qui se sont manifestés par le biais des questions écrites au gouvernement. S'adressant à Mme la ministre des affaires sociales et de la santé, le député du Pas-de-Calais Yann Capet estime que "reconnaître l'optométrie, c'est renforcer la filière oculaire et améliorer la santé de nos concitoyens. (...) Faire appel aux opticiens-optométristes pour les examens de réfraction et de contactologie permettra aux ophtalmologistes de se consacrer entièrement à leur coeur de métier, la composante médicale et chirurgicale, pour laquelle ils ont été formés". Députée de Vendée, Sylviane Bulteau, de son côté, a interpellé la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les diplômes d'optométrie délivrés par l'université française aux niveaux licence et master en formulant le voeu que l'optométrie soit dans les plus brefs délais reconnue "au titre des professions relevant du code de la santé publique".

Tandis que certains députés interrogent le gouvernement, qui pour l'heure demeure silencieux, les opticiens-optométristes et les optométristes sont, eux aussi, dans l'attente d'une réaction des pouvoirs publics. En attendant un quelconque signe, ils réaffirment leurs positions respectives. C'est ainsi que l'Association des Optométristes de France (AOF) continue d'insister sur la nécessité de reconnaître à l'optométriste un rôle de "dépistage des états oculaires anormaux" à référer, au besoin, à l'ophtalmologiste. Dans un communiqué tombé hier, l'Union des Opticiens (UDO) fait pour sa part observer que "l'enseignement (des optométristes) s'inscrivant dans le cadre de l'harmonisation des cursus européens (LMD), les opticiens disposent déjà des outils de formation correspondant à ces compétences ». Le syndicat en appelle par ailleurs à une mobilisation des opticiens pour se faire entendre sur cette question.

Sans surprise, les instances représentatives des ophtalmologistes se prononcent quant à elles contre toute reconnaissance de l'optométrie en France, fidèles en cela à une ligne affichée depuis des années. Ici même, dans une interview qu'il nous a accordée, Philippe Denis, le président de la Société Française d'Ophtalmologie (SFO), a réaffirmé que "les orthoptistes sont les partenaires naturels des ophtalmos, certainement pas les optométristes". Ses collègues du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) et de l'Académie Française d'ophtalmologie (AFO) se montrent en phase avec cette position. Ce matin, lors d'une conférence de presse, Jean-Bernard Rottier et Béatrice Cochener, leurs présidents respectifs, ont dit et redit d'une même voix leur opposition aux optométristes. Définitivement, ils leur préfèrent les orthoptistes, "avec lesquels s'est construit un modèle de prise en charge fiable et efficace". Ils restent persuadés que l'activité d'optométriste est vouée au "conflit d'intérêts" en raison du rôle de prescription-vente que le praticien s'attribuerait...

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