Jamais les retards de paiement entre entreprises n'ont été aussi hauts, apprend-t-on dans une enquête Altares.

De plus en plus de fournisseurs, et de plus en plus souvent, sont sollicités pour un étalement des délais de paiement. Menée à l'échelle européenne et française, une étude Altares montre en effet que les retards de paiement inter-entreprises augmentent chaque année davantage. De fait, ils n'ont jamais été aussi haut en dix ans : 13,6 jours de retard en moyenne. Thierry Million, directeur des études d'Altares, détaille cette dégradation : "Les comportements de paiement interentreprises se durcissent encore en France. Sous les 12 jours en début d'année 2014, le retard moyen de règlement des fournisseurs augmente d'une demi-journée chaque trimestre depuis un an pour atteindre désormais 13,6 jours, sa pire valeur depuis dix ans. Seulement 36,5% des entreprises françaises payent toutes leurs factures à l'heure. De plus, 8% décalent le règlement de plus de 30 jours ; elles étaient 6,2% un an plus tôt et même sous les 6% auparavant, notamment en période de crise". Le reste de l'Europe ne fait guère mieux que l'Hexagone. La situation reste tendue également avec 14,6 jours de retard en moyenne pour les autres pays européens.

On notera en revanche que les sociétés hexagonales se distinguent par la fréquence des petits retards de paiement. Le pays est champion d'Europe des décalages de règlements de moins de 15 jours : 32,1% des sociétés françaises contre 27,1% en Europe. "Mais c'est sans conteste, sur les grands retards que les tendances sont davantage à surveiller", fait observer Thierry Million. Il attire l'attention sur le fait que 8% des structures françaises décalent le paiement des factures de plus de trente jours, un taux en augmentation rapide depuis un an qui n'avait plus été aussi élevé depuis l'été 2004. "La tendance est clairement défavorable en France ; cela se traduit par un allongement rapide du retard moyen qui s'installe depuis le début de l'année au-delà des 13 jours", commente encore M. Million. Dans le cas particulier du commerce de détail, il présente des retards moins importants (13,1 jours) que la moyenne française mais qui s'allongent d'une journée et demi en trois mois. Plus d'un détaillant sur deux décalent ses paiements de quelques jours, et 7,8 % des détaillants payent leurs factures avec plus de trente jours de retard, constate Altares.
À quoi attribuer ce dépassement fréquent de la date de facture ? Si les problématiques techniques ou les litiges commerciaux entrent en ligne de compte, c'est avant tout une pression continue sur la trésorerie qui serait en cause. "L'allongement des délais demeure souvent la seule alternative retenue pour améliorer son Besoin en Fonds de Roulement (BFR)", avance comme hypothèse principale M. Million.

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