Ce que je retiens du dernier Silmo ? D'abord la soirée des Silmo d’or avec le prix "basse vision" décerné à Essilor pour le Prodigi Duo, télé-agrandisseur deux en un. Ensuite et surtout L'espace basse vision, un endroit que nous avons initié à l'origine en 1997 au temps où je dirigeais L'Agrandi, un magazine en gros caractères.

Je regrette que, cette année, si peu d'opticiens s'y soient intéressés. Ceux qui ont maintenant l'espace en charge méritent ici d'être salués : Marie-Christine Darieu qui a pris mon relais depuis 2005 et ne ménage aucun effort pour fédérer les professionnels de la basse vision, Pascal Parsat qui fait preuve de créativité pour mettre en scène et faire vivre cet espace ou encore les associations Ariba et Rétina qui l’animent ainsi qu'Isabelle Beuzen, la directrice de la communication du Silmo, qui lui apporte tout son soutien. Cette espace, je le rappelle, accueillait "La terre en héritage", une exposition à voir avec des lunettes de simulation, ou pas. Elle a été conçue par Jean-Pierre Gueno et mise en image par Jérôme Pecnard avec le soutien de la  Fondation Antoine-de-St-Exupéry.

Autre lieu, autre découverte. À l’Institut de la vision, lors d’un rendez-vous avec Streetlab, société dédiée au développement de solutions améliorant l'accessibilité et l'autonomie des personnes déficientes visuelles, j’ai découvert Serious Game, un jeu pour vivre les différents types de malvoyances et une BD, en complément, pour mieux expliquer la malvoyance dans les différentes situations quotidiennes. Voilà deux beaux supports de sensibilisation. Serious Game, par exemple, vous immerge dans le monde de la déficience visuelle en vous glissant dans les yeux de personnages malvoyants pour mieux comprendre leur problématique quotidienne.

Justement, à propos de problématique quotidienne, un coup de gueule. Il faut dire et redire aux opticiens d'équiper les personnes malvoyantes presbytes. Car comme tout le monde, les malvoyants deviennent presbytes et c’est d’autant plus déconcertant pour eux qu'ils pensent que c’est l’évolution naturelle de leur maladie. Coupler loupes et corrections optiques n’est certes pas psychologiquement facile pour nous - je peux en attester, c’est mon quotidien -, mais cela soulage des maux de tête en fin de journée. S‘éloigner du texte pour lire, alors qu’on s’en rapprochait au maximum pour mieux le distinguer est perturbant. Les opticiens peuvent accompagner ce changement en l'annonçant à l'avance aux malvoyants et surtout en les équipant, le moment venu, d'une première paire de lunettes (dont les verres peuvent être teintés pour augmenter les contrastes). Le malvoyant sera rassuré d’être comme tout le monde et ravi de retrouver un peu de netteté.