Notre pays ne manque pas d’esprits chagrins qui se lamentent devant le recul inéluctable de notre économie de moins en moins exportatrice, la faute à des politiques plus enclines à dresser de pathétiques lignes Maginot que de chercher à soutenir des secteurs d’avenir.

Notre pays ne manque pas d’esprits chagrins qui se lamentent devant le recul inéluctable de notre économie de moins en moins exportatrice, la faute à des politiques plus enclines à dresser de pathétiques lignes Maginot que de chercher à soutenir des secteurs d’avenir. Il suffit de voir ici et là, l’acharnement du législateur pour freiner l’épanouissement de nouveaux acteurs qui ont une vraie culture de l’innovation et du challenge pour bousculer les rentiers : on ne revient pas sur l’acharnement navrant des chauffeurs de taxis contre Uber ou les VTC.
Une entreprise, quelle que soit sa taille, est toujours fragile face à une mondialisation nécessaire pour croître, d’où l’obligation de prendre des risques et de pousser les frontières toujours plus loin. Une entreprise, plus encore quand elle est leader sur son marché, doit anticiper les nouveaux usages de consommation, les nouveaux codes d’expression des individus, les nouvelles règles de marketing, les canaux de distribution futurs.
Récemment le groupe Essilor a racheté le britannique MyOptique Group, leader européen de la vente en ligne de produits d’optique. Grâce à cette nouvelle acquisition, le numéro 1 mondial des verres ophtalmiques devient aussi leader mondial de la vente d’optique sur internet avec une présence sur tous les continents, sauf l’Afrique qui demeure encore une terre de conquête pour le e-commerce et donc pour l’optique.
Depuis quelques années, le français mène une stratégie d’intégration verticale pour ne pas être à la remorque d’une distribution qui peine à se réinventer et surtout dans l’objectif d’anticiper les sensibilités des clients de demain, avec une vraie prise de conscience de la nécessité du digital dans la triangulaire marketing-connaissance client-distribution qui va se renforcer.

La génération Snapchat ne s’embarrasse pas des frontières traditionnelles et cherche des expériences de consommation sans couture. Mais elle tend aussi à préférer des structures capables de répondre à leur impatience : habitués à l’instantanéité, ces jeunes apprécient les marques volontaristes qui stimulent leur sens du relationnel social plus spontané et en temps réel, et dans le même temps qui répondent à leur sens du rationnel plutôt très direct et sans fioritures. L’économie de l’attention (écoute et sensibilité) qui émerge est aussi une économie de la fonctionnalité (simplicité et praticité), il s’agit de trouver les bons outils et les bons supports pour fidéliser les clients, en attirer d’autres, changer de braquet sans forcément bouleverser son modèle économique. La grande distribution l’a bien compris en inventant le concept du « drive » (shopping sur internet, récupération des achats dans un espace dédié) : en 15 ans, il est devenu le magasin préféré des Français. Dans 20 ans, on ne vendra plus les lunettes comme aujourd’hui, Essilor, dont la notoriété lui donne une sacrée longueur d’avance, l’a bien compris.