Pour la première fois, la ministre de la Santé a évoqué la possibilité de confier des "actes" aux optométristes. Pour ce faire, encore faut-il que ces praticiens aient un statut reconnu...

« L'accélération des transferts de compétences est importante. Tout le monde dit qu'il y a plusieurs mois d'attente pour un rendez-vous chez l'ophtalmologiste. Si on définit clairement quelles sont les tâches que seul le médecin ophtalmologiste peut faire, et qu'on transfère par exemple à des optométristes d'autres actes, on soulage d'autant les carnets de rendez-vous des médecins ». Par ces mots, Marisol Touraine semble ouvrir en grand la porte aux optométristes français, un statut qui n'est actuellement pas reconnu chez nous. Prenant ses distances avec la position de François Hollande alors candidat à la présidentielle, la ministre de la santé a tenu ces propos vendredi dernier, invitée de l'émission Bourdin & Co sur RMC. Les organisations professionnelles qui oeuvrent à la reconnaissance de l'optométrie n'ont pas tardé à réagir. Presque euphorique, l'Association des Optométristes de France (AOF)  s'est immédiatement réjouie d'une telle prise de position, "remerciant Marisol Touraine de sa confiance envers les optométristes". L'association souhaite "la réglementation de la profession dans le code de la santé publique" au plus tôt. Les présidents de l'Union des Opticiens (UDO) et du Syndicat National des Opticiens Optométristes (SNOO) se félicitent également que soit envisagé ce "transfert de compétence aux optométristes". Samedi, ils ont d'ailleurs été reçus par Jean-Luc Nevache, le directeur de cabinet de la ministre, lequel, certifient-ils, leur "a confirmé la mise en place de l'opticien-optométriste, afin de permettre, d'ici au mois de septembre 2013, un meilleur accès aux soins oculaires pour tous les citoyens". Un calendrier qui pousse Henry-Pierre Saulnier, le président de l'UDO, à tendre la main aux ophtalmologistes "afin d'examiner sereinement, dans l'intérêt des patients, les conditions d'avancée de la réforme souhaitée par la ministre". Et justement, reste à savoir comment le Syndicat national des Ophtalmologistes français (SNOF) va se positionner par rapport aux déclarations de la ministre. Malgré plusieurs tentatives, nous n’avons pas pu joindre le président du Snof, Jean-Bernard Rottier, toujours injoignable à l’heure où nous publions ces lignes. Ce qui est sûr et certain c'est que le dialogue risque d'être électrique, le Snof ayant toujours été opposé à la reconnaissance en France de l'optométrie. Et ce quelle qu'elle soit : optométrie à l'anglo-saxonne (comme le souhaite l'AOF) ou à la française (selon le voeu de l'UDO).