Avec l’entrée en vigueur prochaine du droit à la primo-prescription des équipements, l’élargissement des prérogatives des orthoptistes est en passe d’être définitivement acté. Ce qui n’est pas tout à fait du goût du syndicat des ophtalmologistes qui attend, lui, un strict encadrement de cette nouvelle disposition par le ministère.

Le ton des communiqués de presse de chacun des syndicats - Syndicat national autonome des orthoptistes (SNAO) d’un côté, et Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF), de l’autre - n’est évidemment pas le même. Contentement pour le premier, circonspection pour le second, après la publication au Journal Officiel, hier, du décret d’application de l’article 68 de la Loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022 qui étend les prérogatives des orthoptistes. Le SNAO manifeste naturellement sa « grande satisfaction » à l’idée que les patients puissent à l’avenir accéder à leur profession « en accès direct », à travers deux mesures. D’une part, les patients âgés de 16 à 42 ans pourront en effet, désormais, venir consulter un(e) orthoptiste pour un bilan visuel sans ordonnance préalable. D’autre part, tous les enfants pourront dorénavant bénéficier d’un bilan visuel par l’orthoptiste - toujours en accès direct sans ordonnance - à deux âges-clés de leur vie : entre 9 et 15 mois, puis entre 2,5 et 5 ans. Ce « renforcement du rôle des orthoptistes », la direction du SNAO le voit comme une « reconnaissance de leur expertise » par les pouvoirs publics. Et de se dire convaincue que ce nouveau cadre réglementaire « rendra possible l’ancrage définitif de la prévention et du dépistage au cœur même des prérogatives de la profession ».

Du côté des ophtalmologistes, on reste sur la défensive. Rappelons qu'à l'automne dernier, l’organisation professionnelle avait vigoureusement bataillé contre le fait que les décideurs publics veuillent positionner les orthoptistes en premier recours... Ce matin, prenant acte de la publication du décret relatif à la primo-prescription des équipements optiques par les orthoptistes, le docteur Thierry Bour, président du SNOF, a déclaré que « l’accès aux soins doit aller de pair avec la sécurité des patients. Je regrette ainsi que le bilan ophtalmologique obligatoire, introduit dans le Code de la Santé Publique en décembre 2021, avant renouvellement d’un équipement optique par un orthoptiste ou un opticien, ne soit pas mieux explicité dans ce décret. J’espère que cette zone d’ombre sera corrigée dans l’arrêté. Par ailleurs, il est primordial que tout nouveau patient puisse rentrer dans un parcours de soins sécurisé et cela implique de consulter d’abord un ophtalmologiste pour effectuer un examen complet en l’absence de dossier médical antérieur. C’est pourquoi, nous appelons les ophtalmologistes à ne mettre en place cette mesure que dans les cabinets où la prise en charge optimale pourra être assurée. » Le SNOF est donc à l’affût de l’arrêté que le ministère de la Santé doit encore publier, sans doute dans les prochaines semaines, lequel définira limites et contre-indications à cette inédite primo-prescription.

Pour recevoir les dernières infos, inscrivez-vous à notre newsletter