Vent debout contre la primo-prescription accordée aux orthoptistes en toute autonomie, une mesure adoptée par les députés vendredi 22 octobre, le syndicat des ophtalmologistes espère maintenant que le Sénat va retoquer cette mesure.

« C’est une régression de mettre les orthoptistes en premier recours ! » Le Dr Thierry Bour, joint ce matin par téléphone, ne décolère pas. Le président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) commente évidemment l’adoption, le vendredi 22 octobre par l’Assemblée nationale, du droit à la primo-prescription pour les orthoptistes. Cette mesure présente dans l’article 40 du projet de budget 2022 de la Sécu fait l’objet depuis des semaines d’une vigoureuse opposition des médecins qui, selon une enquête du SNOF auprès de 1 986 de ses adhérents, sont massivement contre. Plus de 90 % d’entre eux s’inquiètent de cet élargissement des compétences des orthoptistes en toute autonomie. « C’est irresponsable d’ouvrir aux orthoptistes le droit à la prescription initiale des lunettes et des lentilles de contact, en accès direct et sans supervision médicale », martèle le Dr Bour qui souligne que ces auxiliaires médicaux sont formés seulement en trois ans contre douze pour un ophalmo. « Ce simple niveau licence ne peut évidemment pas suffire à obtenir des responsabilités médicales de cet ordre. C’est même totalement incohérent avec le droit actuel », insiste-t-il. Il estime qu’avant d’en arriver à cette disposition, les pouvoirs publics auraient dû d’abord évaluer l’impact du renouvellement des équipements, un droit qui, rappelons-le, a été accordé à cette profession mi-2020. « On empile les mesures sans même les avoir évaluer ! », s’agace le président du SNOF, arguant dans le même temps que « les délais d’attente pour consulter un ophtalmo ont baissé et que rien ne justifie cette mesure qui aura de lourdes conséquences sur le parcours de soins des Français ». Maintenant, le syndicat des ophtalmologistes s’en remet à l’examen du texte par le Sénat, entre le 8 et 12 novembre normalement, dans le cadre de ce que l’on appelle la navette parlementaire. M. Bour espère vivement que les sénateurs retoqueront cette mesure à cette occasion. « En l’état ce texte n’est pas acceptable, ni sur le fond ni sur la forme », affirme-t-il encore, pas du tout rassuré par les promesses gouvernementales d’un encadrement très strict de cette mesure : « Ce qui est en jeu, c'est la qualité des soins visuels futurs des Français ».

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