Concentrés sur le développement de leur enseigne depuis vingt ans, Jean-François Porte et Julien Quesnel, à l’origine d’Edgard Opticiens, se faisaient discrets dans les médias. Maintenant que leur concept est solidement implanté, le tandem a à coeur de faire valoir une certaine vision du métier. Entretien.

Fréquence Optic : Souvent, à l’origine d’un concept commercial, il y a l’identification d’un manque sur le marché. Lequel a présidé à la création d’Edgard Opticiens ?

Jean-François Porte : Je ne sais pas si on peut parler de manque en ce qui nous concerne. Je dirais plutôt que nous avions surtout une forte envie de développer un projet sur le segment créateur. D’où, à Tours, l’ouverture en 2001 d’un premier magasin positionné premium. Notre priorité a toujours été de servir au mieux le client. Priorité au service, au service, au service ! En cela nous sommes de vrais commerçants. C’est toute la noblesse du métier de commerçant que de prendre en considération celui qui franchit la porte de son magasin. Nous sommes certes des professionnels de santé mais nous sommes aussi, il faut en être fier, des commerçants.

Julien Quesnel : Si la dimension santé est porteuse d’avenir quant au développement de notre profession, nous sommes attachés en effet à l’aspect ‘commerce’ de notre activité. Rendre nos clients heureux, c’est sur cet objectif que nous sommes focalisés au quotidien. Depuis vingt ans, nous n’avons jamais varier dans notre discours et notre approche. Nous creusons le sillon de la qualité.

Jean-François Porte : Oui, Edgard Opticiens s’est progressivement implanté dans le paysage en travaillant toujours mieux les fondamentaux de notre métier autour de la valorisation du client. C’est une conception qui tire la profession vers le haut. La réussite de notre concept prouve qu’il y a une alternative au low-cost.

Avec une vingtaine de points de vente en vingt ans, vous avez pris votre temps pour développer votre groupe*. L’heure est-elle à l’accélération ?

Jean-François Porte : En réalité, le groupe a accéléré sa croissance depuis ces six dernières années. Il existe 21 magasins* aujourd’hui et notre rythme de croisière est de deux à trois ouvertures par an. Ce développement raisonné nous convient. Nous continuons de cibler les emplacements n°1, des espaces d’au moins 100 m2, dans le coeur des grandes villes.

Julien Quesnel : Historiquement, nous étions plutôt concentrés sur la façade ouest, mais le maillage, petit à petit, s’est élargi, vers Lyon, Strasbourg, etc.. Les opportunités qui se présentent à nous en ce moment sont dans le Sud et l’Est. L’étranger aussi, dans des pays limitrophes francophones, est à l’étude.

Jean-François Porte : Nous n’avons pas de limites géographiques, car nous possédons désormais, grâce à l’expérience, tous les outils techniques pour nous développer sereinement. Le groupe est très bien structuré, avec des bases saines et des process internes efficaces.

Justement, sur quel modèle se développe Edgard Opticiens ?

Julien Quesnel : Tout se déroule au sein de nos équipes. Nous misons sur un développement de nos forces en interne. Certains profils montrent un potentiel et c’est à eux que nous proposons de tenter l’aventure entrepreneuriale. Parce que nos équipes sont très impliquées dans la vie de l’entreprise, chaque collaborateur est acteur de son avenir.

Jean-François Porte : Après deux-trois ans d’expérience minimum au sein de l’un ou l’autre de nos magasins, certains collaborateurs présentent en effet toutes les qualités requises pour avoir un rôle moteur dans la progression du réseau. Ce principe de la détection des meilleurs profils a fait ses preuves chez nous. L’expérience managériale est toujours le point de départ. Ceux qui font le choix de se lancer deviennent associés avec une proposition minoritaire à hauteur de 25 % environ.

Julien Quesnel : Nos boutiques historiques, celles de Tours et Caen, sont de ce point de vue de véritables pépinières. À travers ce système d’évolution en interne, on met le pied à l’étrier des éléments les plus motivés et compétents. C’est, au fond, la logique du tremplin.

Jouez-vous le jeu des réseaux de soin ?

Jean-François Porte : Nous ne travaillons avec aucun réseau de soins, cela ne nous intéresse pas. C’est un choix que nous assumons et que notre clientèle comprend parfaitement. D’ailleurs, sur cette question des réseaux, il y a une prise de conscience chez de nombreux clients qui veulent être libres d’aller chez l’opticien de leur choix, sans être orientés vers tel ou tel pour des raisons de référencement.

Comment se construit votre offre produits, très sélective ?

Julien Quesnel : Nous effectuons une veille constante sur le marché, suivons les marques émergentes, françaises notamment. Les marques trop massivement distribuées ailleurs ne sont pas chez nous. Nous tenons à travailler avec des marques qui contrôlent leur diffusion, qui cultivent une approche raisonnée. Il n’y a aucun intérêt à avoir des marques que l’on voit partout ailleurs.

Pour finir, parlons un peu chiffres. Quels sont les résultats et les prévisions de votre seule enseigne Edgard Opticiens* ?

Jean-François Porte : Année après année, nous poursuivons notre croissance : 15,3 millions d’euros de chiffre d’affaires TTC en 2019, 16,5 millions en 2020 et nous prévoyons un atterrissage à 22 millions, fin septembre 2021, mois de clôture de notre exercice. Ce qui fait une progression de + 33 % entre 2020 et 2021.


* Outre ses quinze boutiques sous enseigne Edgard Opticiens, le groupe possède également sept points de vente Générale d’Optique.

 

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