Nouvellement nommé à la direction générale du groupement, Benoît Jaubert nous a accordé une entrevue à l’occasion du Silmo, en présence également d’Olivier Padieu, le président avec qui il va fonctionner en binôme.

Au calme dans les salles de réunion du Silmo, à distance de l’effervescence qui règne alors dans les allées du salon ce 25 septembre, Benoît Jaubert, le nouveau directeur général du groupement Optic 2000*, et Olivier Padieu, le président, nous ont reçu pour une conversation à bâtons rompus. Nouveau venu dans le secteur après vingt-trois ans passés au sein de Darty puis de la Fnac-Darty, Benoît Jaubert n’est cependant pas tout à fait étranger à ce domaine d’activités. Et pour cause, il est fils d’opticien : « Ce marché est en pleine mutation depuis quatre-cinq ans et il est entré, aujourd’hui, dans une phase d’accélération », souligne-t-il d’emblée, considérant notamment que « l’enjeu digital » sera de plus en plus prégnant, commercialement et en terme de communication. « Le numérique est tellement ancré dans nos modes de vie désormais qu'aucun univers ne peut y échapper. Et ce qui est sûr, c’est que la bataille du digital en optique se fera sur le temps long », insiste encore le nouveau directeur général à ce propos.

Si exploiter les opportunités du numérique sera clairement, pour la nouvelle gouvernance en binôme, un levier de croissance et de visibilité à l’avenir, le groupement entend aussi, et surtout, toujours mieux capitaliser sur la notoriété et la densité de ses enseignes sur tout le territoire : « Optic 2000, Lissac et Audio 2000 doivent davantage marquer leurs différences par rapport à la concurrence. C’est comme ça, en étant force de proposition, qu’on grignotera des parts de marché dans des secteurs où la distribution est encore très morcelée », explique Olivier Padieu. Le président du groupement souligne, en particulier, la nécessaire « redynamisation » de Lissac, « une marque éminemment patrimoniale » qui a « encore bien du potentiel ». Et l'intéressé de faire la comparaison suivante : « Lissac pourrait tout à fait se réinventer comme ont su le faire avec succès des marques aussi emblématiques que Aigle ou K-Way. »

« Un réseau de distribution c’est une matière vivante, lui fait écho M. Jaubert. Il faut savoir évoluer tout le temps. Les opticiens du groupement doivent accompagner les changements du secteur pour ne pas les subir. » En matière de stratégie globale, ni le modèle de producteur-distributeur (à la Krys) ni le modèle axé sur les marques propres (à la Alain Afflelou) ne semblent constituer des voies de développement possibles pour Optic 2000. Les réseaux du groupement travaillent plutôt à renforcer leur dimension servicielle : déplacements chez les particuliers à la demande (avec Optic 2000 à domicile), personnalisation des produits (avec Studio Lissac, « un concept à revitaliser »), click and collect, etc. « Ce sont autant de nouvelles facettes de l’activité que les associés de la coopérative doivent s’approprier pour mieux performer, estime M. Padieu, et se démarquer de la concurrence », qu’il s’agisse des autres grandes enseignes nationales historiques ou des concepts plus récents et de plus en plus médiatisés, à l'instar de Jimmy Fairly. 

Questionné sur les grands mouvements en cours dans le paysage, le duo se dit serein devant la verticalisation du secteur : « De nouveaux équilibres sont sans doute à trouver entre les uns et les autres et, pour le moment, nous n’avons pas d’inquiétude », assure, confiant, M. Padieu. D’ailleurs c’est peut-être moins la montée en puissance d’EssilorLuxottica/GrandVision que la gouvernance d’Optic 2000 surveille de près que les ambitions, encore floues à ce stade, de Fielmann, par exemple. Le puissant groupe allemand, qui rayonne en Europe bien au-delà de son marché domestique, pourrait en effet vouloir s’implanter dans l’Hexagone : « C’est à suivre », se contente de dire le tandem pour qui ce scénario, à terme, n’est pas à exclure. À suivre aussi, et cette fois dans le registre de l’intermédiation, l’importance que pourrait prendre Doctolib à l’avenir : « Le rôle et le positionnement de Doctolib doivent faire l’objet de la plus grande des attentions. Certes c’est un outil supplémentaire de mise en relation pour le secteur mais il faut s’interroger sur la place que les professionnels sont prêts à lui donner. Là encore, c’est une question d’équilibre à trouver », concluent Olivier Padieu et Benoît Jaubert d'une même voix.

* Pour rappel, le groupement rassemble les trois enseignes Optic 2000, Lissac et Audio 2000, ainsi que la centrale d’achats Gadol.

Ci-dessus, de g. à d. : Benoît Jaubert et Olivier Padieu, directeur général et président du groupement Optic 2000.

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