La Fédération nationale des opticiens de France a été invitée à prendre la parole dans le cadre du Salon des maires et des collectivités locales qui s’est déroulé du 21 au 23 novembre, à Paris. L’occasion pour le syndicat de faire valoir ses vues sur différents sujets, de la téléconsultation au recrutement en passant par l’avenir de la profession. Extraits.

Comme ses homologues d’autres fédérations professionnelles, Hugues Verdier-Davioud, le président de la Fnof, est intervenu, la semaine dernière, à deux tables-rondes qui se tenaient le 23 novembre dans le cadre du Salon des maires et des collectivités locales (lequel avait lieu à Paris, au parc des expositions de la Porte de Versailles, en concomitance avec le Congrès des maires de France et des présidents d’intercommunalité). Le président de la "Fédé" a pris la parole sur deux sujets de fond qui étaient, pour le premier, le commerce de proximité dans sa relation avec les décideurs publics et, pour le second, les difficultés de recrutement. Pour le porte-voix du syndicat d’opticiens, les pouvoirs publics ne prennent pas suffisamment leurs responsabilités sur des problématiques qui impactent d’une façon ou d’une autre le marché de l’optique. Il déplore par exemple le manque de contrôle des camions mobiles et des dispositifs de téléconsultation qui, selon lui, « dérégulent le marché et fragilisent l’opticien de quartier ».

En matière de données de santé aussi il estime - et c’est un argument que la Fnof fait valoir depuis des années - que la position de l’opticien reste inconfortable, car il est pris entre les injonctions du RGPD, de la Cnil, de l’État et des Ocam. Il regrette également que l’universitarisation de la formation d’opticien se fasse toujours attendre alors que cela devait être l’horizon de tous les métiers de santé, comme le prévoyaient les accords de Bologne qui datent de…. 1999. Enfin, s’agissant de la RSE cette fois, Hugues Verdier-Davioud a souligné l'incohérence des choix des pouvoirs publics qui ont imposé à la profession la « contrainte » du 100 % Santé tout en sachant que cela profiterait mécaniquement aux produits chinois qui alimentent le panier A. Ce qui n’est pas de nature, donc, à favoriser une fabrication nationale ou la réduction de l’empreinte carbone. Manière de dire, pour Hugues Verdier-Davioud, que l’État ne peut pas inciter le secteur à davantage de transition écologique si les décisions gouvernementales qui sont prises ont des effets contraires au développement durable.

Questionné, dans un second débat, sur le thème du recrutement, le président de la Fnof reconnaît évidemment de réelles difficultés, sans toutefois se limiter à ce constat. Bien conscient que la filière, jusqu’à aujourd’hui, n’a pas su attirer à elle de nouveaux profils, Hugues Verdier-Davioud a évoqué les leviers dont la branche dispose pour faire valoir son attractivité aussi bien auprès des jeunes générations que des personnes en projet de reconversion. « On a des boîtes à outils et on essaye de s’en servir », image-t-il, citant notamment l’initiative « Branché opticien » qui se met progressivement en place. Pour renouveler les effectifs ou permettre au personnel des points de vente de monter en compétences, il rappelle d'autre part que la VAE a vocation à être de plus en plus mise en avant. « C’est encore trop souvent un parcours du combattant » , grimace-t-il. Et l’intéressé d’espérer que l’on passera dans les années à venir de 250 opticiens formés par la voie de la VAE actuellement à au moins 400 voire, idéalement, à 500.

Les débats de cette table-ronde glissant ensuite vers l’avenir de la profession, Hugues Verdier-Davioud se dit convaincu que c’est avant tout sur la dimension santé du métier qu’il faut miser, plutôt que sur le seul aspect commercial. Pour lui, « les compétences des opticiens sont actuellement sous-utilisées », et il rêve, à terme, d’un opticien toujours plus polyvalent et, surtout, acteur mobilisé de son futur. Si la basse vision, la prise en charge (en cours d’expérimentation) au sein des Ephad, l’examen de vue, la vision de l’enfant ou la prévention de la santé visuelle au travail lui apparaissent comme des évolutions logiques et légitimes, le représentant de la Fnof voit plus grand et plus loin. Se former à l’ergothérapie ou aux technologies liées à l’IA lui semblent, pourquoi pas, pouvoir entrer dans le périmètre de l’opticien. « Dans dix ans, on aura peut-être tous des lunettes connectées ». Et puis l’avenir passe aussi par… la syndicalisation, a-t-il ajouté en conclusion. « Il faut adhérer à un syndicat pour que la parole de l’opticien de terrain soit portée et ses intérêts défendus », a-t-il fait valoir. Un propos qu’il ne faut pas entendre comme un plaidoyer pro domo mais bien comme une position de principe. Dans la bouche d’Hugues Verdier-Davioud, cela signifie que si l’opticien veut, demain, avoir un horizon dégagé, il doit s’engager dès aujourd’hui.

L'intégralité des débats est accessible sur la web TV de l'U2P, émissions 24 et 25.

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