L’annonce, début octobre, du déploiement en France d’un grand projet industriel - au moins 40 millions d’euros d’investissements sur trois ans - ouvre de nouvelles perspectives à Essilor. Pour en savoir plus, nous avons sollicité Lena Henry, la directrice générale.

Fréquence Optic : Ce projet est-il une réponse à la crise sanitaire dans "le monde d'après", comme on dit maintenant, ou était-il déjà dans les tuyaux ?

Lena Henry : Ce projet majeur et stratégique n’est pas une réponse à l’actuelle pandémie que nous traversons. En effet, la création d’un centre d’excellence à la pointe de l’industrie optique en France à horizon fin 2023 est une nouvelle étape dans notre histoire industrielle en France, représentant un investissement de plus de 40 millions d’euros. Ce projet, qui concerne près de 300 personnes, conduirait au regroupement des laboratoires de Vaulx-en-Velin, Le Mans, Antony, du centre de distribution de Châlons-en-Champagne et de l’activité montage de Toulouse, qui seraient rassemblés sur un site unique à proximité d’Antony dans la Région du Grand Paris. Nous faisons résolument le choix de maintenir l’emploi industriel et ainsi de consolider dans la durée l’ancrage local des expertises et savoir-faire des équipes d’Essilor en France. J’ai la conviction que c’est un signal très positif pour la filière optique de notre pays, qui à travers ce projet, montre une nouvelle fois son dynamisme, sa capacité d’innovation et son excellence.

Le choix de localiser ce futur labo dans le Grand Paris traduit-il un enjeu spécifique de livraison toujours plus rapide sur cette zone très concurrentielle ?

Il est effectivement tout à fait essentiel d’être situé dans une zone bénéficiant de toutes les infrastructures de transport nécessaires pour garantir une efficacité logistique maximale. N’oublions pas également que ce laboratoire a vocation à devenir un pôle industriel référent  du Groupe Essilor dans le monde et ainsi nous souhaitons que chaque opticien qui le souhaite puisse venir le découvrir facilement. Ce choix est également renforcé par la volonté de créer un écosystème dédié à l’optique tout à fait unique. En effet, le nouveau laboratoire viendrait compléter le pôle innovation d’Essilor déjà installé dans cette région, avec le Centre Innovation & Technologies Europe, basé à Créteil, 1er centre de recherche privé au monde en optique ophtalmique, ainsi que notre division instruments. Tout cela permettrait de renforcer et intensifier les collaborations entre les équipes de recherche et les équipes de production et ainsi déployer les innovations futures de façon rapide et efficace. Mais ce n’est pas tout. Notre priorité absolue est d’accompagner chaque personne concernée par ce projet de façon individuelle, avec pour objectif de favoriser la mobilité vers le nouveau site.  Pour cela, c’est important d’être situé à proximité de l’actuel laboratoire de prescription d’Essilor France, le plus grand en termes d’effectifs avec 120 personnes. Ce laboratoire est aujourd’hui localisé à Antony dans les Hauts-de-Seine.

Le verre Stellest, en cours de développement et récemment présenté par la maison-mère, pourrait-il être fabriqué sur le futur site ?

En ligne avec son engagement pour lutter contre la myopie dans le monde, le Groupe Essilor a effectivement lancé le verre Stellest en Chine en juillet dernier, avec un partenaire clé, l’hôpital ophtalmologique de l’Université Médicale de Wenzhou. Dans le cadre du Centre de Recherche commun, les chercheurs des deux entités mènent un test clinique démarré en 2018 et pour une durée de 3 ans, portant sur 167 enfants myopes*. Les résultats de la première année de cette étude mettent déjà fortement en évidence l’efficacité de ce verre dans le ralentissement de la progression de la myopie. À titre d’exemple, après un an, les enfants portant les verres Stellest ont vu leur myopie freinée de plus d’une demi-dioptrie en moyenne, ce qui représente un ralentissement de plus de 60 % de la progression de la myopie par rapport au groupe contrôle qui portait des verres unifocaux. Le lancement est à l’étude pour la France, et nous espérons pouvoir le mettre sur le marché courant 2021. Il est un peu prématuré de vous répondre quant à la fabrication de ce produit, que nous n’avons pas encore lancé. Cependant, c’est effectivement la vocation de ce centre d’excellence de pouvoir proposer les toutes dernières technologies.

Vous parlez, à venir, de "services novateurs et uniques sur le marché" pour vos opticiens partenaires à travers l'existence de ce futur grand pôle industriel. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Tout à fait ! En nous dotant d’un site d’excellence en France, nous visons à conjuguer fabrication locale, technologies de pointe et services renforcés. Les opticiens français pourraient ainsi bénéficier de services de proximité encore plus performants et élargis tels que la gestion entièrement personnalisée de leurs demandes, un choix plus large de produits bénéficiant du service Proximity, ou encore des offres innovantes comme un équipement complet réalisé en 24h. La labellisation de nos produits Origine France Garantie n’en serait que renforcée bien évidemment. A travers ces services, notre ambition est de soutenir les opticiens partenaires pour qu’ils puissent relever les défis d’un marché de plus en plus exigeant et de poursuivre le travail de fond que nous menons avec eux pour faire la différence ensemble. Notre rôle est de leur fournir les produits et services les plus innovants du marché, fabriqués localement et répondant aux exigences environnementales les plus élevées. 

* Les enfants de l’essai clinique, âgés de 8 à 13 ans, ont été répartis entre un groupe de traitement équipé de verres Stellest et un groupe-contrôle ayant des verres unifocaux.

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