Invité sur France Info en début de semaine, Thierry Beaudet, président de la Mutualité française, a détaillé les « leviers » qui, selon lui, doivent orienter le projet du gouvernement sur le reste-à-charge zéro.

Lundi 29 janvier, le président de la Mutualité française a été interviewé par nos confrères de France Info sur le projet de prise en charge intégrale des lunettes. Il confirme les pistes qu’il a précédemment évoquées ces dernières semaines. À la question de savoir qui va financer la future réforme, il répond que les responsabilités doivent être partagées et ne pas reposer sur les seules complémentaires : « Ce n’est pas uniquement une question de remboursement. Sur les sujets concernés - l'optique, le dentaire, l'audioprothèse - les tarifs sont libres. Lorsque les tarifs sont libres, d'expérience, nous savons que si l'on se contente d'augmenter les remboursements, les prix pratiqués par les professionnels peuvent augmenter. Le reste-à-charge pour les Français ne varie pas. Donc pour pouvoir atteindre l'objectif de reste-à-charge zéro, il faudra activer plusieurs leviers : le financement et le remboursement. Le sujet des prix pratiqués par les professionnels de santé est également une question centrale ».

Il revient ensuite sur la proposition qu’il a formulée mi-janvier d’orienter prioritairement le remboursement sur les verres : « Nous souhaitons surtout rembourser mieux et utilement. Une paire de lunettes, c'est à la fois un dispositif médical, des verres, et aussi des montures qui peuvent apparaître comme un accessoire de mode. Il faut donc rembourser ce qui est utile. Il faut mettre l'accent sur les verres », fait valoir Thierry Beaudet. En échange de cette sorte de bonification sur la prise en charge des verres, les lunettes, elles, verraient baisser leur remboursement :  « Il faut probablement plafonner le montant des montures », suggère le porte-voix de la Mutualité, répétant là un scénario évoqué il y a peu. Dans une récente interview au Monde, il avançait en effet un plafond de 100 euros pour les montures. « Quelquefois, souligne par ailleurs Thierry Beaudet, on voit des arguments commerciaux qui, à mon sens, se retournent contre les opticiens. Quand certains vous expliquent que la deuxième paire de lunettes est à un euro, vous vous dîtes que celle dont votre adhérent a besoin, la première, vous ne l'avez probablement pas payée au juste prix. Il faut travailler avec l'ensemble des acteurs ».

Cet objectif d’arriver à « des prix maîtrisés », selon ses propres mots, M. Beaudet estime qu’ « il faudra faire cela sur le long terme ». Cela signifie-t-il qu’il envisage de défendre l’idée d’un remboursement dégressif des montures dans le temps  et ce jusqu'à arriver à 100 euros ?  Enfin, le représentant de la Mutulalité française persiste et signe quant à la démographie des opticiens : à ses yeux, il y en a trop. « Une des spécificités françaises est le nombre d'opticiens. On a autant de magasins d'optiques en France qu'aux Etats-Unis. Il faut réorganiser tranquillement la filière ». Pas sûr que les intéressés recevront tranquillement de tels arguments…

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