Alors que les négociations entre le ministère de la Santé et les acteurs de la filière visuelle ont commencé, la Mutualité Française fait valoir des « pistes de réflexion » pour « une réforme plus profonde du système de santé ».

D’abord formulée par le Premier Ministre Edouard Philippe puis reprise par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, l’idée de créer « un panier de soins » standard sans reste-à-charge semble partager par la Mutualité Française. Son président, Thierry Beaudet dévoile quelques « pistes de réflexion » sur fond de négociations entre le gouvernement et les acteurs de la filière visuelle. « Le projet de réforme sur le reste-à-charge zéro est une opportunité de faire progresser l’ambition, qui a toujours été celle des mutuelles, d’un accès aux soins garanti partout et pour tous », déclare M. Beaudet. Il appelle de ses voeux la mise en place d’un « panier de soins nécessaires et de qualité dans lesquels seraient contractualisés les remboursements, les tarifs et la qualité des dispositifs médicaux et des prises en charge ». Le contenu de ce panier-type serait évolutif, « renégocié régulièrement par les acteurs afin d’y intégrer les innovations ». La Mutualité propose aussi, en compensation de « l’effort consenti pour mettre en place ces paniers de soins », une modulation de la fiscalité pesant sur les contrats des complémentaires ad hoc. La Mutualité Française souhaite d’autre part qu’un tel panier soit généralisé, c’est-à-dire proposé par « l’ensemble des opticiens ». « Les patients resteraient libres d’accéder au professionnel de santé de leur choix, de choisir un équipement, un traitement supplémentaire. Les professionnels de santé seraient également libres de proposer des alternatives, des options supplémentaires, des innovations », précise la Mutualité Française. Sur ce point, une question se pose immédiatement : si le panier de soin est proposé partout et par tous les opticiens, les réseaux de soins ont-ils encore une raison d’être ?

Plus généralement, la Mutualité Française considère qu’une « réforme systémique » est nécessaire. Là encore, elle formule des propositions précises s'agissant de l’optique. La première concerne le nombre d’opticiens, « trop élevé » selon elle, ce qui « pèse sur les coûts de distribution ». Comparant la densité hexagonale à celle de nos voisins (53 opticiens pour 100 000 habitants contre 26 en Allemagne et 10 au Royaume-Uni), la Mutualité Française estime qu’il faut canaliser la démographie de la profession, et ce de diverses façons : « La filière de formation des opticiens pourrait être transformée, en allongeant la durée des études à 3 ans, en limitant le nombre de places et en renforçant les compétences en optométrie afin de développer les coopérations avec les ophtalmologues ». Cela dit, exception faite du numerus clausus, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit, le cadre de formation des opticiens est déjà en voie d’évolution sous l'impulsion des syndicats…  Toujours au titre d’une « réforme plus profonde du système de santé », la Mutualité suggère que la TVA sur les verres passe de 20 % à 5,5 %, « afin d’encourager la baisse des tarifs ». Précisons bien que la Mutualité propose cette minoration de la TVA sur les seuls verres et non sur la totalité de l’équipement. Enfin, propose-t-elle, « un observatoire pourrait être mis en place afin de suivre l’évolution du reste-à-charge et des tarifs en optique, dentaire et audioprothèse », semblant oublier qu’un tel organisme existe déjà, du moins pour l’optique, avec l’observatoire des prix et de la prise en charge en optique médicale…  

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