Un mouvement d'opticiens mécontents est-il en train de naître ? Cela en a tout l'air, à voir la rapidité avec laquelle le collectif "Les opticiens ne sont pas des pigeons !" grossit à vue d'oeil sur la Toile.

À l'origine de ce regroupement né sur Facebook on trouve deux opticiens en colère, Nicolas Daurios et Yann Fournier. En quatre jours seulement ils ont reçu le soutien de près de 450 confrères qui, comme eux, veulent réagir à la pression, qu'ils estiment grandissante, que les Ocam font peser à travers leurs réseaux fermés. En réalité, c'est la proposition de loi déposée au nom des socialistes par Bruno Le Roux qui a poussé ces deux opticiens à l'action. Joint par téléphone, Yann Fournier dit vivement s'inquiéter de cette énième proposition "en faveur des réseaux fermés quant à leur légalisation et développement". Mais pourquoi réagir seulement maintenant alors que bien d'autres propositions de loi, notamment sous le gouvernement précédent, allaient dans ce même sens ? "En apprenant le dépôt de ce nouveau texte, nous nous sommes dits qu'il ne fallait plus rester les bras croisés. Et comme nous avons l'impression que du côté des syndicats rien ne bouge, que c'est l'immobilisme qui domine, nous avons ouvert cette plateforme sur Facebook pour dire que nous sommes contre les réseaux fermés". Et sur ce point M. Fournier tient bien à préciser que ce n'est pas le principe de réseau en lui-même qui est en cause mais bel et bien celui de réseau fermé. Il s'en explique : "Il n'est pas acceptable que le client se voit imposer le choix de son opticien. Ce qui compte, d'après nous, c'est avant tout de lui laisser son libre choix. Priorité à la libre concurrence".

Au-delà de ça, quant à l'avenir de la profession, pour M.Fournier il est hors de question que "les opticiens deviennent des salariés des mutuelles". Selon lui, il est temps que "les opticiens prennent leur destin en mains". Et visiblement, le mouvement fait tâche d'huile bien au-delà des traditionnels clivages puisque, précise M. Fournier, des opticiens de tous statuts, "sous enseigne, franchisés, indépendants, nous soutiennent activement". En plus d'envoyer une lettre ouverte nominative à la ministre de la santé, il appelle tous les membres de ce collectif naissant à saisir leur député référent et envisage de faire circuler une pétition également auprès du grand public : "Trop c'est trop, s'indigne M. Fournier. Il faut mettre fin à la pression qui existe sur notre profession. Si ça continue comme ça, nous ne pourrons plus exercer correctement notre métier et ce sont les clients qui en pâtiront les premiers avec des équipements au rabais et inadaptés". Refusant toute éventuelle récupération syndicale, M. Fournier entend bien que ce collectif reste le mouvement de la base et seulement de la base : "Tant mieux si des syndicats nous apportent leur soutien, mais l'initiative que nous lançons aujourd'hui n'est pas destinée à s'effacer devant eux", déclare-t-il à Fréquence Optic.