Dans Les Échos d'hier, la direction d'Unilens signe une tribune qui appelle à "une opération transparence dans l'optique".

François Menge et Benjamin Bonot sont respectivement PDG et directeur général d'Unilens. Et ils ne mâchent pas leurs mots dans une tribune parue hier dans Les Échos. S'ils saluent "les pouvoirs publics (qui) ont entrepris de moraliser (le marché de l'optique), un "objectif louable", ils restent persuadés que "ces mesures (vente de lunettes sur Internet et plafonnement des remboursements_ndlr) risquent de rater leur cible". Pour eux c'est tout le système qui fonctionne de travers : "Abus et tricheries ont conduit à un emballement inflationniste. Les mutuelles utilisent les dépenses d'optique comme un produit d'appel, en faisant miroiter le montant des remboursements des lunettes. Mais ce sont bien les cotisations de l'assuré qui financent à la fois le remboursement et la marge - confortable - de sa mutuelle", commencent par pointer les deux signataires de la tribune. Si les Ocam sont mises en cause, les enseignes ne sont pas plus épargnées : "De leur côté, la plupart des chaînes d'optique exploitent cette situation où le consommateur croit, à tort, qu'il ne paie pas ce qu'il achète. Elles réussissent à très bien gagner leur vie, tout en pratiquant des réductions inouïes (la seconde paire, soi-disant « offerte ») et en dépensant des sommes folles en publicité. Cherchez l'erreur…"

Les deux responsables d'Unilens s'interrogent ensuite sur le rapport qualité-prix, qu'ils estiment "absent" du marché de l'optique : "La qualité est trop souvent la variable d'ajustement de cette équation de la rente. Les grandes chaînes ne proposent pas que du bas de gamme. Mais la cécité de leurs clients sur ce que qualité veut dire en matière d'optique leur permet de vendre aussi très cher des montures et des verres de qualité très médiocre. Les réformes actuelles n'y changeront rien. Le plafond des remboursements de lunettes par les mutuelles fera sans doute baisser (un peu) les prix. Mais ce sera une victoire à la Pyrrhus si les distributeurs sacrifient la qualité pour sauver leurs marges. Quant aux réseaux fermés, qui priveraient l'assuré du choix de son opticien, comme la suppression du « reste à charge » (ce qu'il met de sa poche), ce sont des manoeuvres des mutuelles pour défendre leur part de marché. Leurs effets seront les mêmes : tirer la qualité vers le bas, renforcer les importations bon marché et affaiblir une filière française qui est leader mondial", argument-ils. C'est ce qui leur fait dire encore que "la bataille n'est pas celle du prix, mais celle du rapport qualité-prix. Et donc de la transparence. Non, toutes les lunettes ne se valent pas ! Surtout pas les verres, aussi différents qu'une Mercedes d'une Lada". Appelant de leurs voeux "une opération vérité chez les acteurs de la filière", François Menge et Benjamin Bonot considèrent que l'avenir du marché français passera par "la qualité du produit et du service".

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