De plus en plus de médicaments contrefaits circuleraient sur la Toile. De récentes saisies spectaculaires le montrent : aucun secteur n'est épargné, à commencer par la contactologie.

Rien ne semble pouvoir arrêter la contrefaçon de médicaments. Le phénomène prend chaque année un peu plus d'ampleur. Les saisies record des douaniers sont là pour en témoigner : 27 millions de médicaments contrefaits ont été interceptés en 2011 contre environ 3 millions en 2010, d'après les données fournies par la Commission Européenne. Rien qu'en France, les saisies en la matière ont bondi de 75 % en un an. Internet est devenu le canal privilégié de vente de ces médicaments en toc. Et pas qu'un peu : à l'échelle mondiale, l'OMS estime que la moitié des médicaments factices circulerait sur la Toile, le reste étant écoulé sous le manteau ou dans des réseaux de vente parallèles. Le Leem, l'organisation qui représente les entreprises du médicament en France, s'inquiète de cette prolifération et de "l'inconscience des consommateurs qui se fournissent par ce biais". Au mieux les acheteurs font l'acquisition d'un placebo, au pire ils ont en leur possession des produits dangereux pour leur santé, dont certains peuvent s'avérer mortels. Et pas un domaine n'échappe au phénomène comme le prouve un vaste coup de filet que la police chinoise a récemment opéré. Il y a quelques semaines, les autorités du pays ont procédé à l'interpellation de près de 2 000 personnes censément être impliquées dans la contrefaçon de médicaments. À cette occasion des ateliers clandestins ont été démantelés, desquels sortaient toutes sortes de produits : médicaments contre le diabète, l'hypertension mais aussi pâles copies de Viagra et de lentilles de contact (qui sont, rappelons-le, des dispositifs médicaux au regard de la loi française) , et même des vaccins contre la rage. En France, une législation plus stricte que l'actuelle sur la vente de médicaments sur Internet pourrait-elle limiter le développement d'un tel phénomène ? Le Leem l'espère, même si la dimension internationale du web nécessiterait avant tout une réglementation mondiale.