En ce 13 novembre, Journée nationale de la reconversion professionnelle, zoom sur l’étude menée par l’Association des Optométristes de France (AOF), Bindi Eye et Les Opticiens Mobiles auprès de 638 opticiens diplômés de France métropolitaine. Une enquête très instructive sur leurs aspirations et la perception qu'ils ont de leur métier… 

Trois opticiens sur quatre envisagent une évolution de carrière, dont 65 % à court terme (d’ici trois ans). C’est l’un des grands enseignements du premier baromètre national sur la reconversion et l’attractivité du métier d’opticien, conjointement mis en place par l’Association des Optométristes de France (AOF), Bindi Eye et Les Opticiens Mobiles. « Ce chiffre fort révèle le paradoxe d’une profession passionnée mais en perte de repères. Malgré une satisfaction globale de 6,9/10, plus d’un opticien sur deux ne recommanderait pas son métier à un proche. Le sens du travail ne suffit plus à compenser la charge administrative, la pression commerciale et l’absence de perspectives d’évolution », expliquent en substance les commanditaires de l’étude.

Cette enquête questionne notamment la perception que la profession a d’elle-même. Les quelque 640 participants interrogés se définissent avant tout comme des professionnels de santé : « 47 % placent cette mission en tête de leurs priorités à travers la prévention, l’examen de vue ou la coordination des parcours de soins contre seulement 3,8 % qui valorisent la dimension commerciale du métier », soulignent les auteurs de l’étude. Et d’insister par ailleurs sur le fait que « ce décalage entre identité professionnelle et pratique quotidienne crée une frustration d'autant plus vive que leurs compétences leur semblent sous-utilisées, et sous-rémunérées ». Car le baromètre fait également le point sur le niveau des rémunérations en fonction des diplômes obtenus : trois opticiens sur quatre gagnent moins de 2 500 euros nets mensuels. L’écart médian entre un BTS (1 918 euros) et un Master (2 433 euros) est de 517 euros nets. « Une différence qui valorise trois années d’études supplémentaires », commente le trio à l'origine du sondage. On notera que ce sont les opticiens passés dans l’industrie qui tirent leur épingle du jeu avec une rémunération moyenne flirtant avec 2 750 euros nets.

Ce qui est particulièrement intéressant dans ce baromètre, c’est la nature des aspirations évoquées par les sondés. Si un peu plus d’un quart des opticiens envisagent une reconversion complète hors de l’optique, 32 % aimeraient simplement transformer leur mode d'exercice — en cabinet, en tant qu’opticien à domicile, ou encore dans l’entrepreneuriat. Au premier rang de leurs motivations : autonomie et responsabilité (42,2 %), sens et impact du métier (41 %) et équilibre vie pro/vie perso (33 %). « Une recherche d’équilibre qui s’explique notamment par des horaires contraignants : 63 % travaillent régulièrement le samedi. La rémunération n’arrive qu’en septième position. Ces priorités confirment qu’au-delà du salaire, les opticiens recherchent une légitimité claire dans le parcours de soins, un cadre d’exercice plus humain et cohérent avec leurs valeurs », peut-on lire dans la synthèse du baromètre qui fait également état des principales sources d’insatisfaction quotidiennes. Sans surprise, la lourdeur administrative (tiers payant, mutuelles, gestion) s’avère pesante pour près de 40 % des opticiens. D’autres évoquent surtout le manque de reconnaissance professionnelle et pointent les relations tendues avec les réseaux de soins.

Ce constat établi, que comptent faire les opticiens pour améliorer leur situation ? La moitié souhaiterait être accompagnés dans une réflexion pour revoir sa trajectoire professionnelle alors même qu’un tiers des opticiens se disent mal informés sur leurs perspectives d’évolution. Livrés à eux-même, ils s’appuient avant tout sur leurs propres recherches : Internet (47,5 %) et médias spécialisés (30,9 %). Ils sont nombreux, semble-t-il, à vouloir davantage valoriser leurs compétences diverses en santé visuelle, que ce soit l’optométrie (53,3 %), la contactologie (32 %), la prévention de la myopie chez les jeunes (40 %) ou encore la prise en charge des populations vieillissantes (16,5 %). « Ce baromètre révèle un profond attachement au métier et à son utilité, au quotidien au plus proche des patients, mais aussi une envie forte de le transformer. Les opticiens ne veulent pas partir : ils veulent exercer autrement à la hauteur de leurs compétences et de leur rôle dans la santé visuelle des Français », déclarent d’une même voix Thibaud Thaëron, président de l'AOF, Emmanuelle Pontoise, dirigeante et fondatrice Bindy Eye et Matthieu Gerber, président et fondateur des Opticiens Mobiles.

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