La réforme 100 % Santé est-elle à l’origine de la hausse annoncée des cotisations pour 2020 ? Pour Mathieu Escot, spécialiste des questions de santé au sein de l’association de consommateurs, il y a une relation de cause à effet évidente.

Vendredi dernier, le 8 novembre, Agnès Buzyn a reçu les représentants des complémentaires santé dans le cadre de ce que l'on appelle le comité de suivi de la réforme du 100 % Santé. « À cette occasion, la ministre a rappelé que le 100 % santé ne pouvait pas être un motif de hausse des tarifs en 2020, saluant l’engagement des fédérations d’organismes complémentaires qui respectaient cet engagement. De manière plus globale, elle a souligné l’importance d’une évolution modérée des cotisations, nécessaire pour garantir l’accès effectif aux soins de tous les Français », pouvait-on lire dans un communiqué de presse du ministère à l’issue de l’entrevue en question. De son côté, et toujours au sortir de la réunion, la Mutualité Française semblait confirmer les dires de la ministre en annonçant que le déploiement de la réforme « ne devrait pas avoir d’impact significatif sur le montant des cotisations ». Toutefois, dans le même temps, Thierry Beaudet, le président de la Mutualité, précisait qu’en 2020 « les cotisations des mutuelles augmenteront dans les mêmes proportions que les années précédentes, c’est-à-dire en moyenne de 3 % par an ces dix dernières années. Des cas particuliers restent néanmoins toujours possibles, pour retrouver l’équilibre des contrats »...

Invité de nos confères du Magazine de la Santé, l’émission de France Télévisions, Mathieu Escot, spécialiste des questions de santé au sein d’UFC Que Choisir, a commenté ces annonces. Selon lui, « évidemment, si les complémentaires ont à rembourser davantage de soins, ça va se retrouver sur les cotisations. Il y a là une espèce de non-dit entre les pouvoirs publics et les mutuelles. Selon elles, cette augmentation n’est pas liée au reste-à-charge zéro, mais elle s’explique en partie par cela », estime-t-il. Et de considérer qui plus est que la hausse de 3 % annoncée est probablement sous-évaluée : « Cette hausse de 3 % ne comprend pas l’effet de l’âge. Or les contrats de mutuelles augmentent avec l’âge. Vous devez rajouter 1 à 2 % d’augmentation par an. Très vite, vous arrivez à 5 %. Pour un couple de retraités qui paye 1 500 euros par personne et par an, ces 5 % d'augmentation se traduisent par un montant important : cela représente une somme de 150 euros en plus pour le couple, chaque année. Dit comme ça, 3 % cela a l’air anodin mais en réalité, quand on traduit ça en euros sonnants et trébuchants, c’est loin d’être négligeable », a tenu à souligner le représentant de l’association de consommateurs.

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