Discuté et adopté - pour le moment - dans le cadre de l’examen toujours en cours du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026, un amendement visant « à lutter contre les phénomènes de rente et d’optimisation financière constatés parmi les acteurs de santé » pourrait-il concerner les opticiens ? Nous avons posé la question aux syndicats. 

Ce sont plusieurs élus du groupe "Socialistes et apparentés" qui ont déposé l’amendement 651 qui entend « lutter contre les phénomènes de rente et d’optimisation financière constatés parmi les acteurs de santé », en donnant pouvoir aux prochains ministres chargés de la santé d’agir directement, d’autorité donc, sur la tarification des actes et forfaits remboursés par la Sécurité sociale. Adopté par les députés le 9 novembre, en première lecture à l’Assemblée nationale*, ce texte vise donc à encadrer les marges jugées excessives dans certains secteurs spécifiques de la santé. Il s’appuie sur le rapport "Charges et Produits 2025" de l’Assurance Maladie, qui pointait des taux de rentabilité moyens supérieurs à 15 % dans plusieurs secteurs financés en grande partie par les fonds publics. L’audiologie, à travers le modèle du 100 % Santé, fait partie des domaines ciblés par cet amendement, ce que déplore vivement le Syndicat des Audioprothésistes qui s’est élevé contre ce qu’il considère comme une « erreur d’analyse ». 

Les opticiens pourraient-ils eux aussi, dans le cadre de cet amendement, faire les frais d’un éventuel encadrement à venir de leurs marges ? Nous avons posé la question aux syndicats. Jean-François Porte, le président du Rassemblement des Opticiens de France (ROF), reste très prudent : « À l'heure actuelle nous ne sommes pas ciblés », rassure-t-il d’emblée, avant d’ajouter aussitôt : «… mais ça ne veut pas dire qu’on ne le sera jamais. Au jour d’aujourd’hui, la rentabilité financière des magasins d’optique, de plus en plus fragilisée pour certains d'entre eux, n’appelle pas ce genre de mesure », veut croire l’intéressé. Sur ce dossier comme sur d’autres, le syndicat se dit en tout cas « vigilant », bien conscient des aléas des débats parlementaires.

Hugues Verdier-Davioud, à la tête de la Fédération nationale des opticiens de France (FNOF), n’est pas inquiet lui non plus à ce stade. Sa lecture de l’amendement est la suivante : « Soyons logique. Si le contrôle des soi-disant "rentes" relève de la maîtrise des dépenses publiques sur le marché B, à raison de 3 centimes remboursés par monture et par verre, il n’y a clairement pas de sujet… S’il s’agit en revanche du marché A, donc du 100 % Santé, on nous parle d’une rentabilité supérieure à 15 %… Or les opticiens ont encaissé, sans les répercuter sur leurs prix de vente, près de 20 % d’inflation depuis 2018 et la mise en place de l’offre 100 % Santé. Offre dont la tarification réglementée, rappelons-le si besoin était, n'a pas été réévaluée à la hausse malgré des conditions inflationnistes. Dans ce contexte, le calcul est vite fait… Les tarifs du 100 % Santé sont tellement bas et nos marges si réduites en la matière - ce qui explique d'ailleurs la création d'une prime qui se veut incitative - qu’il n’y a vraiment pas lieu d’encadrer quoi que ce soit ! », ironise le patron de la Fédé. 

* Le PLFSS 2026 poursuit son parcours parlementaire avec, à partir d’aujourd’hui 19 novembre, un examen au Sénat. 

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