Engagée dans une procédure de sauvegarde, qui l'a protège pendant quelques mois de ses créanciers, l'entreprise de Morez, sous-traitante de nombreux lunetiers français, oeuvre à se tirer d'une mauvaise passe.

Naja ? Vous ne connaissez peut-être pas cette société créée en 1987. Il s'agit pourtant d'une des plus importantes entreprises jurassiennes de lunetterie. Quelques chiffres en témoignent : 13 Silmo d'or récoltés indirectement à travers ses clients (Oxibis, Alain Mikli…), 8,6 millions d'euros de chiffre d'affaire en 2012, près de 130 employés et quelque 400 000 lunettes fabriquées par an. En apparence, l'entreprise est donc florissante. En apparence seulement car, de fait, elle est aujourd'hui en mauvaise posture. Des mauvais résultats à répétition et des dettes ont poussé son directeur-général, Stéphane Cornu, à déclencher il y a quelques jours une procédure de sauvegarde*. Les raisons de cette situation sont multiples : "Le métal, qui est notre spécialité, perd des parts de marché devant l'acétate, plus en vogue. À cela s'ajoute le fait que les marchés européens, qui représentent une part importante de notre activité, ne sont pas au mieux en ce moment. Sans compter la pression continue sur les prix qui rabote nos marges et donc impacte notre rentabilité. Pour toutes ces raisons, il est plus compliqué pour nous que par le passé d'amortir nos investissements", nous a expliqué Stéphane Cornu par téléphone.

Si l'activité de l'entreprise se maintient à flot, ce n'est cependant pas suffisant pour tirer la trésorerie du rouge. À travers le plan de sauvegarde, l'entreprise a six mois devant elle pour se sortir de cette mauvaise passe. "Cette période va permettre à l'entreprise de s'adapter. Beaucoup d'options sont sur la table, on les examine une à une", confie Stéphane Cornu qui, pour le moment, ne souhaite pas en dire plus sur les scénarios les plus crédibles. "Il est encore trop tôt pour dire dans quelle direction nous allons aller et pour savoir dans quelle mesure nous devrons changer notre stratégie industrielle", ajoute-t-il. À cette heure il s'en tient aux points positifs : "Nous avons de nouveaux commanditaires, notamment à l'export. Je me félicite aussi que de grand donneurs d'ordre comme les chaînes (Atol et Optic 2000 comptent parmi ses clients_ndlr) relocalisent de plus en plus leur production. Idéalement, il faudrait que ce phénomène de relocalisation s'amplifie davantage. Ce serait autant d'activité pour nous", détaille Stéphane Cornu.

* Il ne faut pas confondre procédure de sauvegarde et redressement judiciaire. Depuis une loi de 2005, un plan de sauvegarde protège les entreprises en difficulté en gelant le paiement des dettes à l'ouverture de la procédure. Son but : permettre une réorganisation de l'entreprise et donc assurer sa pérennité, l'emploi et le paiement des créanciers.

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