Faute de pouvoir ouvrir, les opticiens implantés dans les centres commerciaux soumis à fermeture administrative, s’adaptent tant bien que mal. Coûte que coûte, ils essaient de livrer les commandes en cours et, pour certaines, urgentes.

Comment faire pour livrer progressivement les équipements prêts à l’être alors que les points de vente ne peuvent plus accueillir de public ? Tant bien que mal, des opticiens touchés par la fermeture administrative des grands centres commerciaux s’adaptent en fonction des situations, toutes différentes d’une région à l’autre, et ce dans un dialogue qu’ils veulent constructif soit avec les préfectures, soit avec les directions des centres commerciaux temporairement inaccessibles. Autant qu’on puisse en juger d’après les remontées de terrain, il n’y a donc pas de situation-type mais des initiatives particulières ici et là. 

Depuis dimanche, début de l’interdiction d’ouvrir, les opticiens ont passé beaucoup de temps au téléphone. Il a d’abord fallu hiérarchiser les cas prioritaires parmi les clients (enfants, personnes dont les lunettes sont cassées...). Parfois, un rendez-vous est fixé entre l’opticien et le client… sur le parking ou tout à proximité du centre, en tout cas toujours à l’extérieur ; c’est dans ce cadre atypique que la remise de l’équipement peut se faire, comme le montrait d'ailleurs un récent reportage du 13 h de France 2 hier. Pour d’autres professionnels, plus chanceux, c’est la direction du centre commercial qui a mis à leur disposition un local bénéficiant d’un accès sur l’extérieur. L’endroit est autogéré par différents commerçants avec un planning très précis pour éviter toute affluence, et ce afin de procéder aux seuls livraisons d’urgence. Si certains espéraient monter des barnums dans l’entourage immédiat des centres commerciaux, et ce toujours dans l’idée de pouvoir livrer les équipements urgents, la chose ne semble pas possible en pratique. À notre connaissance, ces sortes de stands éphémères n’ont pu, à cette heure, bénéficier d’aucun agrément de la part des directions de centres commerciaux ou des autorités administratives. Notons toutefois que, d’après nos informations, cela semble bouger du côté des préfectures qui progressivement prennent conscience de la nécessité de solutionner les commandes antérieures à la parution du décret du 30 janvier.

Parmi les autres démarches mises en place, on peut aussi mentionner ce que l’on pourrait appeler une externalisation de l’activité. Certaines équipes sont en effet passées en mode ‘mobilité » ; puisque les client ne peuvent pas venir chez eux, les opticiens iront, eux, au domicile ou au travail des intéressés pour effectuer leurs livraisons en mains propres. Cette externalisation peut également prendre la forme d’une location de salle. On nous a ainsi rapporté qu’un opticien a loué, pour une journée, un espace normalement réservé aux séminaires dans un hôtel, afin d’y livrer le maximum de ses équipements finalisés. Samedi prochain, et avec toutes les précautions sanitaires requises, cet opticien-là recevra donc ses clients, qui se sont préalablement inscrits sur un créneau horaire.

Autre alternative que l’on peut évoquer, celle choisie par bien des multipropriétaires. Pour les opticiens possédant plusieurs magasins dans la même zone géographique, une bascule des livraisons a été organisée ces derniers jours. Là encore, par ce transfert, il s’agit de faciliter le déplacement des clients qui veulent récupérer au plus tôt leurs lunettes. En rapatriant certaines commandes dans des points de vente situés en centre-ville, par exemple, les opticiens multipropriétaires soulagent les porteurs. Citons enfin, et sur le terrain de la solidarité cette fois, les coups de pouce que certains opticiens concurrents toujours ouverts, eux, apportent à leurs confrères qui subissent de plein fouet la fermeture administrative. Entre amis opticiens ou simples connaissances, des passerelles se mettent en place afin d’instaurer une sorte de permanence dans le point de vente d’un confrère. Ces permanences, sur quelques heures dans la semaine, font en quelque sorte office de points-relais permettant, là encore, aux clients de récupérer leurs paires de lunettes.

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