"Ne pas se tromper de combat : la priorité, ce sont les données de santé"
La Fédération nationale des opticiens de France reste focus sur son combat contre la transmission des données de santé aux Ocam envisagée par le projet de loi antifraude. Et ce alors que de plus en plus d’opticiens inquiets regardent plutôt, eux, dans la direction du phénomène médiatique Blacksheep…
Voilà ce que l’on pouvait lire, hier, en pleine page du quotidien L’Opinion : « Depuis 2024, plusieurs organismes agissant pour le compte des complémentaires santé ont été piratés : plus de 50 millions de dossiers sont concernés, ce qui compromet notre souveraineté. Pourtant, la rédaction actuelle du projet de loi contre les fraudes sociales et fiscales débattu au Parlement autoriserait les complémentaires santé à bénéficier de la levée du secret médical. L’article 5 du projet de loi doit impérativement se limiter au strict nécessaire pour lutter effectivement contre la fraude, c’est-à-dire les échanges d’informations entre la Sécurité sociale et les complémentaires santé. Il appartient au législateur de garantir aux Français que le secret médical reste une ligne rouge non négociable. »
Ces lignes sont signées par la Fédération nationale des Opticiens de France (Fnof) dans une tribune qui a donc paru sous la forme d’un publi-communiqué bien visible de tous. « Il s’agissait d’attirer l’oeil des lecteurs, de les interpeller sur ce qui est en train de se jouer en ce moment avec l’examen du projet de loi antifraude », explique Hugues Verdier-Davioud, le président du syndicat joint au téléphone ce matin. Pourquoi choisir ce titre de presse précisément ? « Parce que L’Opinion est un journal très lu des parlementaires et que c’est une façon supplémentaire d’intensifier notre campagne auprès des députés », précise le porte-voix de l’organisation professionnelle, par allusion à la mobilisation en cours depuis plus d’une semaine contre le projet de loi antifraude. Rappelons si besoin était que le texte prévoit en l’état d’autoriser les complémentaires à collecter plus largement des données de santé à des fins de détection des irrégularités, ce à quoi s’oppose vigoureusement l’instance syndicale.
« La transmission des données de santé aux Ocam doit impérativement être limitée, il en va de l’avenir même du système de santé, pas seulement de l’optique », martèle le patron de la Fédé qui assure que cette parution dans L'Opinion commence déjà à avoir des retombées : « Des médias parlementaires me contactent, veulent en savoir plus ». « C’est contre l’ouverture des vannes des données de santé aux Ocam qu’il faut lutter prioritairement », insiste Hugues Verdier-Davioud, bien conscient par ailleurs de l’effervescence médiatique qui entoure le phénomène Blacksheep. « Je vois bien l’agitation et les réactions d’opticiens sur les réseaux sociaux mais attention, il ne faut pas se tromper de combat. » Quand on lui fait remarquer que l’arrivée de Blacksheep inquiète quand même une grande partie de la profession, il en convient mais pour recadrer aussitôt : « J’entends évidemment cette inquiétude mais ce phénomène médiatique agit comme un rideau de fumée. Le problème le plus grave, celui qui peut durablement impacter notre secteur, c’est d’abord celui de la transmission des données de santé. »
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