Qu’en est-il des défaillances des commerces optiques sur fond de crise économique et sanitaire ? Difficile, à date, d'interpréter les résultats qui indiquent peut-être une situation en trompe-l’oeil…

Pour connaître la situation du secteur, nous avons sollicité Altares, le cabinet qui suit l’évolution des défaillances d’entreprises depuis maintenant huit ans à travers un baromètre trimestriel. Les statistiques des défaillances concernant précisément les commerces de détail d’optique sont moins mauvaises - en apparence du moins, on va le voir - que ce à quoi l’on pouvait s'attendre. D’abord, rappelons le bilan, à titre de comparaison, de 2019. Cette année-là, la tendance était baissière après trois ans de hausse consécutive : on enregistrait alors 100 défaillances dans le secteur, 73 au titre des liquidations judiciaires et 27 redressements. Pour 2020, sur les trois premiers trimestres, on compte à ce stade 40 procédures (liquidations judiciaires et redressements confondus) : 14 enregistrées sur le 1er trimestre, 11 sur le suivant et 15 sur le trimestre 3. À quoi il faut ajouter deux procédures au titre de la sauvegarde.

Ces chiffres à l’appui, que penser de la sinistralité en optique ? Reflètent-ils vraiment, comme on serait tenté de le croire à première vue, la résilience du secteur optique dans une année plus que mouvementée ? Écoutons le commentaire de Thierry Millon, le directeur des études Altares, qui porte sur tous les domaines d’activité, pas seulement l’optique : « Habituellement 60 % à 70 % des jugements de redressements ou liquidations judiciaires sont prononcés sur déclaration de cessation de paiement, soit à l’issue d’une démarche volontaire, initiée par l’entreprise. 30 % à 40 % des jugements sont à l’inverse déclenchés à la suite de l’assignation d’un créancier (notamment l’URSSAF). Des situations qui mènent dans la très grande majorité des cas à une liquidation judiciaire. Or, l’adaptation des textes règlementaires relatifs aux entreprises en difficulté durant l’état d’urgence sanitaire écartait notamment toute assignation par un créancier. Depuis, les moratoires restent fortement encouragés limitant le recours à l’assignation. » Bref, cela signifie qu’on ne pourra probablement prendre la pleine mesure des défaillances, en optique comme ailleurs, qu’après un retour à la normale durable de l’économie…

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