Etienne Caniard, le président de la Mutualité française, voudrait voir les mutuelles davantage associées au pilotage du système de santé.

« Il ne faut pas tomber dans le catastrophisme. Le système de santé fonctionne encore". Mais jusqu'à quand ? C'est la question que ne cesse de se poser Etienne Caniard, le président de la Mutualité française, dans ses interventions. La dernière en date remonte à mardi dernier dans le cadre des Auditions Privées, des débats organisés conjointement par le site Décision Santé et le magazine Le généraliste. "On constate certains signaux inquiétants, a-t-il souligné à cette occasion. Outre le déficit récurrent de la Sécu, l’accès aux soins est de plus en plus délicat pour les personnes fragiles comme les jeunes, les étudiants et les personnes âgées qui ne peuvent plus s’offrir certains soins. La différence entre les prix réels et les bases de remboursement est un phénomène qui se banalise et s’amplifie. Nous sommes entrés dans une logique d’acceptation de certaines dérives car les limites du système conventionnel ont été atteintes ». Dès lors, la gouvernance du système de santé doit-elle faire plus de place aux mutuelles qui en constituent un pilier essentiel ? Etienne Caniard le croit. Et appelle de ses voeux les pouvoirs publics à renforcer leur rôle, et ce d'autant plus que l'Etat leur demande un effort financier qui va croissant.

En clair, moins que jamais les mutuelles ont l'intention de se contenter d'un rôle de financeur. D'organismes payeurs, elles entendent bien aussi, et surtout, devenir pleinement des acteurs décisionnaires associés à l'orientation même du système de santé. « Les mutuelles solvabilisent un nombre croissant de dépenses. Il est donc normal qu’elles aient leur mot à dire sur la façon dont est financé le système de santé », estime le président de la Mutualité française qui tient à rappeler que 55 % des soins courants sont pris en charge par l’assurance maladie, le reste étant ventilé entre les complémentaires, les assureurs, les instituts de prévoyance et, bien sûr, les patients au titre du reste-à-charge. Avec, dans le cas des frais d'optique, un déséquilibre flagrant puisque, on le sait, la part de la prise en charge par la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) ne représente désormais plus que 4 % des dépenses.