Interrogé par un député sur "l'épidémie" de myopie en France, le gouvernement se déclare très attentif aux solutions freinatrices et parlent même d’un « support de l’État ». Que faut-il comprendre ici exactement ?

En octobre dernier, Jocelyn Dessigny, député Rassemblement national de l’Aisne, adressait une question écrite au ministère de la Santé et de la Prévention sur le thème de la myopie forte. Le parlementaire demandait alors « quelles mesures le gouvernement entend prendre pour améliorer la recherche médicale et scientifique en ophtalmologie et, précisément, sur la maculopathie myopique (myopie forte) ». Le gouvernement a fait connaître sa réponse, publiée il y a quelques jours dans Le Journal officiel daté du 12 mars. Ce n’est pas le ministère de la Santé qui a finalement répondu, précisons-le, mais celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

« Cette augmentation de la prévalence de la myopie représente un réel défi, particulièrement en terme de prise en charge et de soin. La France peut s'enorgueillir d'avoir des centres de recherche en Ophtalmologie parmi les meilleurs au monde. Ces centres ont pu bénéficier des instruments de structuration de la recherche, et la France dispose donc sur son territoire de l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) Foresight porté par la fondation Voir et Entendre, créé sur la base de l'Institut de la Vision, et de l'Institut Carnot Voir et Entendre qui y est associé. Un biocluster récemment sélectionné, Brain and Mind, viendra encore renforcer ce dispositif. Certains projets financés par l'Agence nationale de la recherche (ANR) concernent également la myopie, avec deux chaires industrielles, SilverSight en 2014 et Myopiamaster en 2022, dont des projets sur le développement de l'œil, la cartographie de la cornée ou des maladies rares permettent d'apporter des connaissances sur le développement de la myopie », peut-on lire dans la réponse du ministère.

Mais ce qui retient surtout l’attention, c’est le passage mentionnant les verres de freination de la myopie : « Les projets portant sur les verres dit freinateurs, qui pourraient ralentir la progression de la myopie, font également l'objet d'instructions approfondies pour un support de l'État. » Comment comprendre exactement ces derniers mots ? Le gouvernement pourrait-il statuer sur une prise en charge améliorée via l’Assurance maladie de tel ou tel produit freinateur de la myopie infantile ? Pour recontextualiser, rappelons qu’il y a près d’un an Hoya, dont le verre MiYOSMART est actuellement le seul verre de freination reconnu par la HAS, a interpellé les pouvoirs publics sur le sujet d’un meilleur remboursement. Ces derniers laissent-ils donc entrevoir ici la possibilité d’un éventuel financement public ? C’est d’autant plus difficile à dire que, insistons là-dessus, c’est le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche qui, dans le cas présent, prend la parole ; ce n’est pas le ministère de la Santé. Peut-être que les « instructions approfondies pour un support de l’État » dont il est ici question, désignent autre chose, par exemple des dotations possiblement accordées à des équipes de recherche travaillant sur ce domaine précis… En tout cas, voilà un sujet à suivre de près.

Pour recevoir les dernières infos, inscrivez-vous à notre newsletter