Contrôle visuel précoce : aux opticiens d’intensifier l’information
Alors que débute aujourd’hui la Semaine de la Myopie, Optikid présente un rapport consacré à la santé visuelle des enfants. L’occasion de rappeler qu’il y a encore bien des trous dans la raquette en matière de prévention et que les opticiens doivent être en première ligne pour informer les parents.
Le coup d’envoi de la Semaine de la Myopie est donné aujourd’hui, 24 novembre, et le réseau Optikid (210 opticiens Luz spécialisés dans toute la France*) profite de cette occasion pour braquer le projecteur sur l’enjeu de la prévention précoce en santé visuelle. « La prévention, c’est de la répétition, encore et encore », a insisté le docteur Christophe Orssaud, ophtalmologiste pédiatrique à l’hôpital Necker-Enfants malades, lors d’une conférence de presse jeudi dernier sur ce sujet qui lui tient à coeur. « Même si les enjeux liés à la santé visuelle de l’enfant, particulièrement entre 3 et 6 ans, sont connus, nous sommes loin d’être au clair concernant l’organisation et le financement du dépistage et du suivi de la vision de l’enfant », a déclaré l’intéressé qui a notamment illustré ses propos avec le cas de l’amblyopie, une pathologie invisible à la différence, par exemple, du strabisme. Parmi les enfants présentant un trouble visuel avant 6 ans, l’ambyopie représente ainsi environ 30 % de ces troubles. Or dans plus de 75 % des cas, l’enfant ne se plaint jamais…
« Le potentiel de progrès le plus important me paraît être dans le carnet de santé. Beaucoup de parents passent à côté du contrôle de la vue avant 3 ans… Il serait souhaitable qu’il ait un statut analogue à celui des vaccins, pour en faire un véritable réflexe de prévention », souligne de son côté Aline Gamrasni, opticienne à Paris et co-fondatrice il y a trente-cinq ans du réseau Optikid. Elle milite depuis des années pour une vraie prise de conscience de cet enjeu de santé public. Et il y a visiblement du travail en la matière, car la prévention est loin d’être optimale. Les données présentées dans le rapport Optikid, issues du baromètre 2025 OpinionWay / Asnav sur la Santé Visuelle, en témoignent : une majorité de Français (60 %) et de parents (55 %) n’a jamais entendu parler de l’augmentation de la myopie chez les enfants et les jeunes. Par ailleurs, seuls 38 % des parents estiment qu’un premier contrôle de la vue doit avoir lieu entre un et trois ans, et moins de la moitié (47 %) entre 4 et 6 ans. Près d’un tiers (30 %) des parents ignorent que la myopie forte dans l’enfance peut entraîner de graves complications à l'âge adulte. Ces chiffres montrent à quel point la myopie, mais pas que, est un défaut visuel bien trop banalisé par la société en général et les parents en particulier. « On ne craint pas un "défaut", on n’en connaît pas les conséquences possibles », regrette Aline Gamrasni.
Dans ce contexte, les opticiens constituent-ils une source d’information pour les parents ? Oui, mais pas suffisamment, loin s’en faut : la majorité des parents cite les ophtalmologistes (44 %) comme premier interlocuteur sur ce sujet, et seulement 26 % les opticiens. « L’amélioration de la prévention est possible mais seulement si elle est collective et qu’elle donne la priorité à l’intensification de l’information », veut croire Maxime Kouchnir, le directeur général de Luz. Même volontarisme chez Jérôme Schertz, PDG de la centrale, qui estime que « la communauté OptiKid est aujourd’hui réunie par une "cause" à porter dans le débat public, face à l’actualité des écrans, face à l’urgence d’une meilleure prévention, face aux difficultés éprouvées par les parents : celle du contrôle visuel précoce. » Façon de dire qu’en matière de sensibilisation du public, il faut jouer collectif pour atteindre son objectif.
* Pour mémoire, depuis 2010, le concept Optikid est développé à l'échelle nationale par la centrale Luz.
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