"Alea jacta est, la réforme du zéro reste-à-charge est actée sans que l’équilibre économique soit réellement trouvé, particulièrement en optique, car au bout du compte, il faudra bien que quelqu’un passe à la caisse, la supposée gratuité à toujours un coût !

"Alea jacta est, la réforme du zéro reste-à-charge est actée sans que l’équilibre économique soit réellement trouvé, particulièrement en optique, car au bout du compte, il faudra bien que quelqu’un passe à la caisse, la supposée gratuité à toujours un coût ! Autre question qui demeure en suspend : est-ce que les actuels et futurs porteurs vont se précipiter sur les packages de base imposés, avec un choix de montures réduit et un plafond de remboursement limité à 100 euros dans les contrats responsables ? Les équipements avec RAC 0 existant déjà, les mutuelles et les enseignes devront élargir leur offre à bas coût pour séduire des clients qui le plus souvent achètent des lunettes autant pour leur aspect médical que pour leur allure style-mode.

Pour certains contempteurs, il faut s’attendre à des pertes de centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires et à la fermeture de centaines de magasins. Voire. Pour d’autres, le fatalisme n’est pas de mise, il suffit de profiter de ce tsunami réglementaire pour changer de braquet.  Force est de constater que le marché de l’optique est très uniforme avec des enseignes interchangeables et des opticiens indépendants qui peinent souvent à démontrer leur différence. Les marques et les producteurs de lunettes ont une vraie carte à jouer pour sortir de cette banalisation sans relief et accélérer la mue nécessaire. Une des voies les plus pertinentes est la montée en gamme, en miroir d’une « ubérisation » rampante et low-cost qui se joue.

Le marché mondial des produits de luxe a progressé de 7 % en 2017 et devrait atteindre 8 % en 2018, soit plus de 280 milliards d’euros de chiffre d’affaires à taux de change constants, selon la dernière étude de Bain & Co/Altagamma. Une dynamique constante, le cabinet de conseil prévoyant une croissance moyenne annuelle du marché du luxe comprise entre 4 % et 5 % au cours des prochaines années pour atteindre peu ou prou 390 milliards d’euros de ventes d’ici à 2025, soit 100 milliards de plus qu’aujourd’hui ! Le secteur est tiré par les Chinois friands de luxe, mais plus encore par les jeunes générations, les 18-35 ans avides de mode et d’accessoires aux badges rutilants. Une opportunité pour les opticiens de monter en gamme et toucher ces jeunes clients qui ne devraient pas se passionner pour les packages RAC 0 déclinant des équipements standards au mieux, ringards au pire ! Sauf qu’aujourd’hui, trop peu d’opticiens sont capables de vendre des équipements de luxe et d’offrir des vitrines dignes de ce secteur exigeant ; en cause, le manque de formation sur ces univers de marques particuliers, un niveau de services limité et un merchandising uniforme et sans envergure.

Grand Optical semble avoir compris la dimension fortement aspirationnelle du marché du luxe en amorçant une refonte de ses points de vente, en général de grande taille, dans une volonté de monter en gamme pour attirer des clients conditionnés aux griffes et des labels de luxe en recherche d’écrins majestueux à la hauteur de leur image de marque. Une offensive à propos, car on peut supposer que Kering et Thelios, mais aussi Luxottica, Marchon ou encore Safilo, qui détiennent un portefeuille de marques puissantes et disposent d’une force de frappe financière, ne vont pas attendre que le marché se réorganise. Poursuivant une reprise en main de leurs productions de lunettes, les marques de luxe attentent/préparent des stratégies de distribution à la hauteur de leurs ambitions et de leurs aptitudes à s’épanouir sur le marché libre, en générant de confortables marges qu’elles n’ont pas envie de partager avec n’importe qui… 

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