Bill Barton et Patty Perreira, duo à la tête de leur marque de lunettes éponyme, assurent la pérennité de leur entreprise en la vendant à Thélios, l’entité eyewear du groupe LVMH.

Bill Barton et Patty Perreira, duo à la tête de leur marque de lunettes éponyme, assurent la pérennité de leur entreprise en la vendant à Thélios, l’entité eyewear du groupe LVMH. Une belle prise pour le leader mondial du luxe qui mène une diversification habile entre ses marques propres et des labels de qualité qui s’adressent à une clientèle pour qui les lunettes ne sont pas un accessoire de mode à logo, mais un objet artisanal d’excellence.

Thélios emprunte la voie de son concurrent Kering qui avait racheté Lindberg, dont les lunettes ascétiques révèlent un luxe pudique, mais apprécié par les vrais amateurs de savoir-faire sans clairon ni trompette. La prise de Thélios est habile, Barton Perreira est une marque américaine appréciée par les Américains, marché toujours incontournable pour les marques de luxe d’envergure. Tout comme l’Europe où subsiste une (très) importante clientèle cultivée qui défend des valeurs occidentales qui ont façonné la beauté et… forgé la démocratie ! Attirées par les sirènes hurlantes du marché chinois, nombre de marques se perdent et déchantent (ou vont déchanter) face au nationalisme guerrier de Xi Jinping prêt à tout pour affirmer son totalitarisme obsessionnel. Les maisons de luxe sont souvent aveuglées par l’appel des consommateurs chinois avides de vivre libres, mais empêchés par la dictature communiste. L’avenir du luxe n’est pas en Chine, car pour Xi Jinping, la realpolitik n’est pas une affaire de montres Rolex ou de sacs Vuitton…

Pour autant, dans les pays libres tout n’est pas rose, tout n’est pas simple. Concernant la vente de lunettes, les marques de luxe se heurtent à la problématique de la distribution. La montée en puissance à marche forcée de Kering Eyewear et de Thélios sur ce secteur est bénéfique, il tire le secteur de l’optique-lunetterie vers le haut, vers l’excellence, or, on dénombre moins de 5 000 opticiens dans le monde capable de vendre des lunettes de luxe. Ce qui est peu, très peu, pour diffuser des marques toujours plus nombreuses à proposer des produits exigeants pour des clients intraitables, dans un environnement ultra sélectif, d’autant que la façon de vendre des lunettes de correction diffère d’un pays à l’autre. Reste alors aux deux leaders mondiaux du luxe de songer à tisser des réseaux en propre, ce qui n’est pas impossible avec leurs portefeuilles respectifs de marques à forte valeur ajoutée. À cet égard, EssilorLuxottica, maître de la chaîne de valeur, des verres aux montures en passant par les magasins, observe et pourrait être un allié incontournable, d’autant qu’il a réussi avec les lunettes Chanel à mettre en place un réseau très astreignant. 

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