Pour Krys Group, données à l’appui, les difficultés d’obtention de rendez-vous avec un ophtalmologiste mettent « en danger la santé visuelle des enfants ». Les consultations des enfants de moins de 6 ans ne pourraient-elles pas être valorisées sur le modèle de ce qui se fait déjà en médecine générale ?, propose Krys Group aux pouvoirs publics.

La dernière édition de l’Observatoire de la Vue* de Krys Group se place sous le signe de l’inquiétude. Et pour cause : ce nouveau baromètre s’est concentré sur la prise en charge de la santé visuelle des enfants de moins de 10 ans. Il en ressort un sentiment d’urgence, Krys Group « lançant une alerte » sur les difficultés de la prise en charge du jeune public, quand des délais d'attente trop longs et le manque d’ophtalmologistes impactent la santé visuelle de l’enfant. Mais avant d’en arriver à cette conclusion, le baromètre a d'abord établi un état des lieux de la santé visuelle des enfants en 2017. « La prévalence des problèmes de vue chez l’enfant est en légère augmentation (+ 3 %) en 2017 par rapport à l’édition 2016. Si l’on regarde les chiffres de plus près, c’est la myopie qui semble augmenter le plus : 13 % des enfants de 4 à 10 ans en sont atteints alors qu’ils n’étaient que 10% en 2016. Cette observation va dans le sens des études existantes et sera précisée pour la France par l’étude épidémiologique que mène Krys Group avec le CHU de Poitiers et le professeur Nicolas Leviezel ». Cette augmentation peut notamment s’expliquer par « la baisse du temps passé à l’extérieur, la sur-sollicitation de la vision de près provoquée par nos nouveaux modes de consommation des écrans : tablettes, télévision, smartphones », avance Patrice Camacho, directeur santé et réglementation du groupe d’optique. « Aujourd’hui, les enfants de 3 à 10 ans sont déjà des utilisateurs multi-écrans et utilisent en moyenne 2, 4 écrans (et 2,6 chez les enfants ayant un problème de vue). Ils passent d’ailleurs près de 2 heures par jour devant les écrans (1 h 54) », poursuit-il. De ce baromètre il ressort également que le diagnostic intervient tardivement, peu avant l’entrée en école primaire et l’apprentissage de la lecture, à l’âge de 4 ans et 5 mois en moyenne, et parfois même encore plus tard puisque 1 enfant sur 5 a été diagnostiqué au moins un an après sa première visite chez l’ophtalmologiste.

On la dit en commençant, la question de l’accès aux soins ophtalmologiques, donc, par ricochet, celle aussi des délais de rendez-vous, est également au coeur de ce baromètre. Globalement, les parents sont majoritairement satisfaits de la prise en charge de leur enfant par l’ophtalmologiste puisque 88 % d’entre eux apprécient la qualité du suivi. En revanche, seulement 39% des parents sont satisfaits des délais pour obtenir un rendez-vous chez ce professionnel de santé et près de 2 parents sur 3 estiment qu’il est compliqué voire très compliqué d’obtenir une consultation. L’étude fait ressortir un délai d’attente moyen de 138 jours pour un enfant (4,6 mois), soit 53 jours de plus que pour l’ensemble des porteurs. Ce délai varie fortement selon le lieu de résidence : dans les zones rurales, il atteint en moyenne 4,8 mois alors qu’il n’est que de 3,5 mois dans l’agglomération parisienne. Enfin, pour près d’un parent sur 5, il peut excéder 6 mois. « Des délais inacceptables pour près de 2 parents sur 3 (63%), qui font inévitablement perdre des chances de récupération à l’enfant », insiste-t-on chez Krys Group. Par ailleurs, la distance parcourue pour rencontrer un ophtalmologiste varie également selon le lieu de résidence : si la moyenne relevée par l’observatoire est de 19 km, la distance va s’allonger en fonction de la taille de la ville : 9,2 km en agglomération parisienne, plus de 12 km dans une agglomération de plus de 100 000 habitants et plus de 20 km dans une agglomération de moins de 20 000 habitants. En zone rurale, cette distance est plus grande encore, près de 32 km… Bref, « ces résultats reflètent la réalité sans appel du manque d’ophtalmologistes en France et ses nombreuses disparités départementales », résume la synthèse de Krys Group.

« Cet observatoire fait ressortir la situation alarmante de la prise en charge de la santé visuelle des enfants. Il est urgent que les pouvoirs publics se mobilisent en concertation avec les acteurs de la filière visuelle pour une réforme générale de ce système, notamment pour permettre aux ophtalmologistes de dégager du temps médical pour une meilleure prise en charge des enfants. C’est une inquiétude de la grande majorité des parents (94%) et il est temps de les entendre. Dans ce contexte, nous suggérons aux pouvoirs publics de valoriser les consultations des enfants de moins de 6 ans, comme c’est le cas pour les consultations de médecine générale. » conclut Patrice Camacho.

 * Étude menée en lien avec IPSOS du 5 au 15 Septembre 2017 auprès de 1005 parents d’enfants âgés de 3 à 10 ans.

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