Ces derniers temps, Marc Simoncini dénonce régulièrement certaines pratiques du marché de l'optique qu'il estime anticoncurrencielles. Mais le fondateur de Sensee est-il, lui, irréprochable ? La centrale Club OpticLibre produit en tout cas des éléments troublants.

Auprès de la Cnam et du Conseil National de l'Ordre des Médecins, la centrale présidée par Jean-Luc Selignan met en cause certaines pratiques des sites Sensee.com mais aussi Lentillesmoinschères.com qui, rappelons-le, apparaissent tous deux dans la galaxie des sociétés financées par Jaïna Capital, le fonds d’investissement créé par Marc Simoncini (photo).

Premièrement, Sensee violerait la Convention nationale conclue le 14 octobre 2003 entre la Cnam et les opticiens, laquelle stipule que "dans une logique de maitrise des dépenses de santé, les opticiens s’interdisent d’utiliser des campagnes promotionnelles faisant référence au remboursement de leurs prestations par la Sécurité Sociale ou incitant à une consommation abusive". Or Club OpticLibre dit avoir constaté qu'en date du 5 décembre 2012, "Lentillesmoinscheres.com a fait une campagne de communication promettant à ses clients qu’en commandant leurs lunettes ou lentilles avant le 31 décembre 2012, celles-ci leur seraient remboursées à 100%  pour peu qu’ils n’aient pas consommé la totalité de leur « forfait » complémentaire santé de l’année 2012. Cette publicité contrevient à l’article 3 de la convention du 14 octobre 2003 car elle met l’accent sur la consommation anormale d’un produit remboursé", avance la direction de la centrale qui a informé, courant février, la Cnam de cette campagne qu'elle juge "non conforme à la réglementation", et "qui nuit directement à l’activité commerciale des magasins adhérents de la centrale".

Par ailleurs, Club OpticLibre a saisi le Conseil National de l'Ordre des médecins sur des pratiques qui pourraient, d'après la centrale, contrevenir cette fois au Code de la Santé Publique. Jusqu'à peu encore, via un lien, (à l'heure ou nous écrivons, le lien en question a été désactivé), Sensee proposait aux internautes "d’obtenir un rendez-vous rapide avec un ophtalmologiste conventionné au centre médical Point Vision Paris. Une société commerciale Ophta Point Vision est actionnaire à hauteur de 25% de ce cabinet, les autres associés étant les ophtalmologistes exerçant dans celui-ci. Après une étude approfondie, il s’est avéré que la structure juridique extraordinairement complexe de ce centre d’ophtalmologie introduit une triple dissociation entre la répartition du capital, les droits de vote et l’attribution des bénéfices, ce qui traduirait la finalité lucrative d’Ophta Point Vision, car cette société commerciale actionnaire à hauteur de 25% du Centre médical est attributaire de 69,9 % de ses dividendes. Cette finalité lucrative serait susceptible de porter atteinte à l’indépendance professionnelle des ophtalmologistes exerçant en sein du Cabinet Médical, car la direction effective du cabinet semble être confiée à un comité stratégique où OphtaPointVision est décideur en dernier recours. Par ailleurs, l’ouverture en janvier 2012 du centre Point Vision Paris a fait l’objet d’une campagne de communication grand public et multicanale de grande envergure. La communication efficace, à l’initiative de la société OphtaPointVision a diffusé des informations autres que celles autorisées par le Code de déontologie médicale, telles que rapidité d’obtention d’un rendez-vous avec un ophtalmologiste, faible coût de la consultation médicale qui constitueraient, vu la pénurie d’ophtalmologistes, des messages à caractère publicitaire pouvant entrainer un détournement potentiel de patientèle d’autres ophtalmologistes", détaille longuement la direction d'OpticLibre dans un communiqué récapitulatif.

Communiqué qui se conclut sur une déclaration en forme de mise au point de M. Selignan : "Monsieur Simoncini, qui annonce vouloir devenir le chevalier blanc du secteur de l’optique qu’il découvre, ne pourra s’autoriser à donner des leçons, au demeurant contestables, d’ordre moral ou économique aux  professionnels de santé, que lorsque les sociétés dont il est actionnaire (ou celles avec lesquelles elles ont noué un partenariat) ne contreviendront plus à la règlementation régissant notre métier, à savoir la Convention Nationale des Opticiens, le Code de Santé Publique et le Code de Déontologie".

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