La santé des dirigeants de TPE et PME fait son entrée à l'université. Lundi, une chaire universitaire a été inaugurée à ce sujet à Montpellier. Objectif : mieux connaître l'état de santé, souvent tabou, des chefs d'entreprise, dont les commerçants.

"Il y a plus d'études sur la baleine bleue que sur la santé des chefs d'entreprise !", assène, volontiers provocateur, Olivier Torrès. Le fondateur d'Amarok, l'Observatoire national de la santé des dirigeants, vient de créer en début de semaine, à l'université Montpellier-I, où il enseigne la gestion, la première chaire dédiée à la santé des entrepreneurs, commerçants, artisans et professions libérales. C'est une première non seulement en France, où le sujet est rarement évoqué pour ne pas dire tabou, mais aussi en Europe. Les études épidémiologiques sur ce profil de personne sont à peu près inexistantes, constate, pour le déplorer, Olivier Torrès. Avant d'observer une forme d'invisibilité de la question dans les médias : "Les journaux ont raison d'alerter sur la souffrance des salariés au travail, mais ils devraient également alerter sur celles des patrons". L'évocation des cas de suicides liés au travail - très forte quand il est question des salariés, anecdotique s'agissant des patrons - est typique de cette différence de traitement médiatique. Il faut dire aussi que les patrons sont bien souvent dans l'autocensure dès lors qu'il s'agit de parler de leur forme. "La réalité est difficile à avouer pour des dirigeants souvent pris dans une idéologie du leadership qui laisse peu de place à la maladie et à la faiblesse », reconnaît Olivier Torrès. Tant et si bien que les études qui seront menées à partir de cette chaire révéleront "soit un scandale de santé publique, soit que l'entrepreneuriat est bon pour la santé». En parallèle de cette chaire, Olivier Torrès envisage également de mettre sur pied une cellule de soutien psychologique pour les patrons fragiles, par exemple les commerçants victimes d'un braquage ou les dirigeants d'entreprise déprimés du fait, notamment, d'avoir cédé leur affaire ou pris leur retraite. Là encore, c'est quelque chose qui pour l'heure n'existe pas.