Par le biais d’une procédure de référé d’heure à heure, le Rassemblement des Opticiens de France (ROF) demande le retrait du comparateur de devis optique de l’UFC-Que choisir.

Dans un communiqué, le Rassemblement des Opticiens de France (avec le soutien de l’Union des Opticiens et du Syndicat National des Opticiens Réunis) annonce avoir assigné ce vendredi en référé d’heure à heure « l’UFC-Que choisir, la société commerciale SAS Que Choisir qui le commercialise ainsi que l’éditeur de son site, afin que le comparateur de devis d’optique mis en ligne le 18 janvier 2018 soit retiré du site internet www.quechoisir.org ». Le ROF avance plusieurs arguments pour justifier cette procédure. S’il dit partager « le souhait d’améliorer la transparence et la lisibilité de l’information transmise au consommateur sur les produits et prestations nécessaires à la délivrance d’un équipement correcteur », il estime toutefois « qu’une association reconnue et respectée comme l’UFC-Que choisir doit aussi agir dans le cadre d’un périmètre garantissant un niveau d’exigence et d’éthique suffisant. Nous considérons les commentaires peu amènes et les critiques de l’UFC Que Choisir dans le cadre de la publication de ce comparateur comme des actes de dénigrement, très mal vécus par l’ensemble des opticiens ».

Dans le détail, le ROF pointe certaines des « modalités retenues pour construire ce comparateur ». D’abord, il soulève la question de l’utilisation des données personnelles de santé : « De l’aveu même de l’UFC-que choisir, la base de ce comparateur a été élaborée en achetant 215 000 demandes de prises en charge comportant des données de correction visuelle, donc des données de santé, transmises par des organismes complémentaires d’assurance maladie. Tout porte à croire que cette collecte n’a pas été réalisée avec le consentement éclairé des assurés et n’est pas, de façon plus générale, conforme à la réglementation », avance le ROF dans son communiqué. Autre reproche formulé par l’organisation d’opticiens : la nature, contestable selon elle, des données de base recueillies par l’UFC-Que Choisir. Les explications du ROF : « L’ambition du comparateur est de permettre de ‘situer l’opticien par rapport aux tarifs constatés sur le marché’. Or il se fonde sur des données partielles et incohérentes. On ne sait déjà pas sur quels tarifs se comparateur se base. Prix de marché ou prix proposés par les réseaux de soins ? L’écart est comme tous le savent très significatif. Ensuite, les critères utilisés sont insuffisants et incomplets et ne permettent pas de comparer en toute objectivité les différentes catégories de verres. A titre d’exemple, le choix d’un verre blanc ou d’un verre photochromique dans le comparateur aboutit à un prix identique, alors qu’il s’agit de produits très différents. Le prix des verres est également décorellé du couple oculaire qui veut que le verre ayant la plus forte correction donne la correction globale de la monture ». Très concrètement, le ROF assure avoir mis en exergue « sept exemples d’incohérences majeures du comparateur ». Surtout, insiste-t-il encore, « le travail de l'opticien ne peut être réduit à 2 ou 3 critères alors qu’il consacre 2 h 15 en moyenne à chaque porteur pour assurer sa parfaite vision ».

Mais ce n’est pas tout. Parmi les effets de ce comparateur, le ROF soulève la question d’un possible « dénigrement » des opticiens. C’est du moins ce qu’il craint, à l’usage : « Le problème est que, sur la base de ce comparateur, l’UFC-Que choisir pointe de prétendus ‘faramineux écarts de prix existant sur le marché de l’optique’ et concourt à dénigrer la profession dans son ensemble. Bien que les résultats soient incohérents, le consommateur ne manquera pas, incité par l’UFC Que Choisir, d’incriminer l’opticien sur les écarts de prix qui ne manqueront pas d’apparaître entre un équipement proposé dans un devis en magasin et les résultats du comparateur. L’UFC Que Choisir vient même de rendre responsables les opticiens (!) de ce que, de son propre aveu, son propre comparateur doive être ‘amélioré’ ! », fait valoir le ROF. « Pratique commerciale trompeuse » : c’est aussi un autre des griefs formulés par le ROF à l’encontre de ce comparateur : « Le comparateur étant un produit destiné à être commercialisé, le ROF considère que l’UFC Que Choisir et la société commerciale SAS Que Choisir qui commercialise ce comparateur se rendent responsables de pratiques commerciales trompeuses en désinformant le consommateur ».
Le contexte n’est pas étranger à l’initiative prise aujourd'hui par le ROF : « Conscient que la publication de ce comparateur intervient alors que s’engage la concertation gouvernementale sur le reste à charge zéro, le ROF, en agissant de manière ferme pour demander, en urgence, le retrait du comparateur en justice, entend promouvoir un débat qui serve réellement et en toute objectivité la transparence et à améliorer l’accès aux soins visuels des Français. Ni cette concertation, ni ce débat ne doivent être biaisés ».

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