Grâce à son pôle dédié aux Verres Spéciaux, le verrier a fourni à Joël Paris, un skipper marseillais malvoyant de naissance, un équipement sur-mesure qui lui permet de naviguer, mais aussi et surtout de casser les préjugés sur le handicap visuel. C’est notre histoire du jour…

Ne dîtes surtout pas à Joël Paris que certaines choses sont impossibles. Comme d’autres déficients visuels résilients, ce sexagénaire est la preuve vivante de l’adage "quand on veut, on peut". Ce skipper marseillais est donc malvoyant et il n’a jamais voulu rester à quai pour autant. Naviguer c’est sa passion, et ce n’est certainement pas sa vue déficiente qui l’empêchera de prendre la mer :  « Petit, on me disait que mon handicap ne me permettrait pas de naviguer... et regardez où je suis aujourd’hui ! J’ai participé à la Transat Jacques-Vabre, je vais participer à la Québec-Saint Malo... Avec mon association Rêve à perte de vue, je veux montrer à tout le monde que c’est possible d’être atteint de handicap et courir aux côtés des plus grands navigateurs », témoigne, résolu, un Joël Paris qui a en effet participé à la Transat Jacques-Vabre en 2023 et qui s’alignera, avec son équipage Rêve à perte de vue, sur la ligne de départ de la prochaine transatlantique Québec-Saint Malo, le 30 juin. Une course qui se déroule tous les quatre ans.

Atteint d’une cataracte congénitale et d’un glaucome, Joël Paris est malvoyant de naissance et a une vision limitée à 2/10e à l'œil gauche et 0/10 à l'œil droit... Pour optimiser le plus possible ses capacités visuelles résiduelles, il a pu compter dernièrement sur les équipes du SL Lab, le laboratoire des verres dits spéciaux d’Essilor, situé à Ligny-en-Barrois (55). Pour la petite histoire, c’est ici, sur le site berceau du verrier, que les premiers progressifs ont en été développés en 1959… Mais revenons au présent et au défi relevé par l’unité d’Essilor pour fournir à Joël Paris une correction hors normes sur-mesure : « Nous avons travaillé avec son opticien à Marseille pour cerner spécifiquement son besoin et lui proposer deux équipements adaptés à sa correction, dont une paire de solaires, qui lui seront très utiles en mer », raconte Alexandra Léonardi, responsable de l’activité verres spéciaux d’Essilor. C’est Pierre Meurette, opticien chez Krys Gautier dans la cité phocéenne, qui assuré le montage, en liaison avec le SL Lab : « Nous sommes très fiers de contribuer à la préparation de Joël, par notre conseil quant au choix de ses montures, et le montage des verres. » Les verres double-foyers Oméga de Joël Paris ont ainsi vu le jour, fabriqués à la main par des opérateurs expérimentés. Ce qui lui permettra de naviguer dans de bien meilleures conditions désormais, car jusqu'alors il se débrouillait avec les moyens du bord.


Les forts verres positifs du skipper, comme tous les 80 000 verres spéciaux qui sortent chaque année de l’unité de Ligny-en-Barrois, sont donc le fruit d’une conception à la fois artisanales et technologiques. Ce qui en fait des "objets" à chaque fois uniques. Rappelons que depuis le lancement de son activité Verres spéciaux en 2014, ce sont quelque 300 000 porteurs dont les besoins de correction ne rentrent dans aucun catalogue standard (comme des cas de myopie sévère, à partir de -16 dioptrie, ou d’hypermétropie extrême, à partir de + 8 dioptrie) qui ont équipés par Essilor. Et ce en France aussi bien qu’à l’étranger. En effet, la moitié des 80 000 verres spéciaux fabriqués par an au SL Lab voient du pays puisqu’ils partent à l’export dans 35 pays du monde. Et parfois très loin comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud. Bref, là-bas ou comme à Marseille avec Joël Paris, Essilor ne veut retenir que les quatre premières lettres du mot déficience : défi.

Ci-dessus : Joël Paris accueilli (à gauche) sur le site essilorien des Battants, à Ligny-en-Barrois (55), et dans le magasin de son opticien Krys à Marseille.

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