Hier, dans une émission de Sud Radio, Jean-François Tripodi, directeur général de Carte Blanche et André Balbi, président du Rassemblement des opticiens de France (ROF), ont abordé la question du RAC 0 en optique, avec des vues souvent divergentes. Extraits.

Jean-François Tripodi, directeur général de Carte Blanche et André Balbi, président du Rassemblement des opticiens de France (ROF), étaient hier les invités* de Sud Radio, dans l’émission 'Prenez la parole' animée par Patrick Roger. Thème du jour : la réforme portant sur le reste-à-charge zéro, notamment en optique, rebaptisée par le gouvernement, rappelons-le, offre « 100 % santé ». À cette occasion, chacun a fait valoir son point de vue sur les problématiques et les enjeux de cette réforme qui entrera en application en 2020 pour l’optique. D’après une étude à paraître menée en interne, le directeur général de Carte Blanche estime que la nouvelle réglementation va obliger les complémentaires à rembourser en optique 70 millions d’euros de plus qu’actuellement. « Un vrai effort va être fait », insiste M. Tripodi, qui de ce fait considère la hausse des cotisations des Ocam comme « inéluctable ». Une estimation que ne partage pas André Balbi, à la tête du ROF : « J’ai du mal à comprendre qu’on parle d’augmentation de tarifs (des complémentaires santé_ndlr) parce que sur l’optique, il y aura un solde d’économies important, évalué pour notre part aux alentours de 200 millions d’euros ». Le syndicaliste a d’autre part fait valoir que la réforme, selon lui, était loin d’être achevée : « Il faut que ces offres soient réellement sans reste-à-charge, c’est-à-dire que les Français ne déboursent pas 1 euro, or aujourd’hui ce n’est pas le cas. Il faut qu’ils accèdent au tiers-payant complet global sur l’équipement », défend-t-il.

Autre élément sur lequel le représentant du ROF attend des évolutions concrètes : la connaissance du montant des garanties optiques. Là-dessus, M. Tripodi justifie la position des Ocam : « Effectivement, il est recommandé à nos complémentaires santé de ne pas fournir l’information (sur les garanties optiques_ndlr) pour qu’il n’y ait pas une optimisation (de factures_ndlr) ». Réaction d’André Balbi à ce propos : « La connaissance de la couverture est un droit de l’assuré. Avant de réaliser son équipement, il doit y avoir accès pour éviter un reste-à-charge subi », argumente-t-il.  Et d’insister : « Nous, les opticiens, nous donnons la transparence sur les verres et l’équipement, les complémentaires doivent donner la même transparence sur la couverture, c’est un droit des assurés », répète le porte-voix du ROF. Et d’élargir le débat au rôle des réseaux de soins : « Aujourd’hui, 1 euro de cotisation n’a pas la même valeur partout, notamment dans les réseaux de soins ou à cause des réseaux de soins. Le rapport Igas a même parlé des inégalités d’accès aux soins dues aux réseaux et nous militons pour que le remboursement soit le même chez tous les opticiens, comme dans le 100 % santé mis en place par le ministère de la Santé. »

Enfin, sur l'origine des lunettes qui seront proposées dans le cadre de l'offre « 100 % santé », M. Tripodi prévoit, pour le déplorer, « l’arrivée de montures asiatiques », dont le positionnement prix bas est seul susceptible de pouvoir répondre aux exigences tarifaires du gouvernement. Ce qu’il regrette en tant que donneur d'ordres dans le cadre de la collection 1796 de l'offre Prysme. À la question de savoir si les fabricants français sont menacés, il juge en effet que « c'est un vrai danger ».

* Luis Godinho, le président du Syndicat des audioprothésistes français, participait également à cette émission. Mais nous n’abordons ici que le volet concernant l’optique.

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