Sollicitées par notre rédaction, les organisations représentatives d’opticiens et/ou d’optométristes donnent successivement leur point de vue, entre constats et préconisations, sur la question de la réduction des délais d’attente en ophtalmologie. Le premier à s’exprimer est Alain Gerbel, à la tête de la Fédération nationale des opticiens de France.

En 2017, le Syndicat national des ophtalmologistes de France avait lancé l’opération baptisée « Objectif zéro délai en 2022 ». Il s’agissait, en cinq ans, de réduire le plus possible les délais de rendez-vous dans les cabinets. À l’époque, il fallait attendre 100 jours en moyenne pour décrocher une consultation. La situation a-t-elle évolué depuis ? Le syndicat considère que les mesures qu’il a défendues auprès des pouvoirs publics commencent à porter leurs fruits. Selon ses estimations, le développement du travail aidé et la délégation des tâches auraient permis une baisse moyenne de 33 jours des délais de rendez-vous. Et pour accentuer cette dynamique, le syndicat a présenté fin mai un nouveau plan d’action pour en finir avec les zones médicalement sous-dotées à l’horizon des cinq ans, notamment en soutenant le développement des cabinets secondaires. Et les organisations d’opticiens et/ou d’optométristes, quel regard portent-elles sur cet « Objectif zéro délai » ? À partir d’aujourd’hui, nous donnons successivement la parole à la Fédération nationale des opticiens de France (FNOF), au Rassemblement des opticiens de France (ROF), au Syndicat des opticiens mutualistes (SYNOM) ainsi qu’à l’Association des Optométristes de France (AOF). On commence aujourd’hui avec Alain Gerbel, le président de la FNOF :

« Penser qu’en 2022 il n’y aura plus ou quasiment plus de délai d’attente pour une consultation en ophtalmologie relève plus d’un vœu pieux que d’une réalité objective. Depuis vingt ans, les pouvoirs publics ont donné aux ophtalmologistes des moyens considérables. Force est de constater que, comme l’avait mis en évidence le rapport de Pourvourville paru en 2002 et intitulé "Ophtalmologie en 2020", rien n’a changé. Il y a toujours des zones sous-denses en ophtalmologistes et en orthoptistes ; les besoins en santé visuelle augmentent tous les ans et la réponse apportée par les ophtalmologistes est toujours en décalage. Ce décalage est dû à plusieurs raisons : la première est le refus systématique de toute mise en place d’un schéma organisationnel cohérent, et de manière plus générale, une standardisation de l’offre des soins qui ne touche pas que l’ophtalmologie, qui elle est due à une demande du monde médical (amélioration de la qualité de vie, fermeture des cabinets après 18 h, pas de rendez-vous le samedi…..).

Le gros problème de l’ophtalmologie, c’est l’accès direct pour la délivrance et le renouvellement des lunettes ; cela embolise le système de prise en charge. On aura beau y faire, cela ne s’améliorera pas, il n’y a qu’à regarder l’augmentation considérable des consultations en ophtalmologie ces dernières années par rapport aux actes de chirurgie. La solution passe par une réorganisation de la filière, un partage des tâches.

Le SNOF critique le côté commercial de l’optique, mais que dire aujourd’hui de ces centres d’ophtalmologie dont certains sont même référencés sur des sites commerciaux... La Fédération demande à ce que l’on applique le plus vite possible les recommandations du rapport IGAS. Dans les jours qui viennent, un arrêté doit être pris autorisant tous les professionnels paramédicaux à vacciner dans le cadre de la campagne anti-Covid ; cela concernera aussi les opticiens. Nous ne comprenons pas, dans ces conditions, que pour une simple délivrance de lunettes, les opticiens, seuls professionnels de santé formés à la réfraction pendant deux ans, ne puissent pas être capables de pouvoir assumer cet acte. »

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