Alors qu'aujourd'hui le Sénat doit examiner le projet de loi dît Hamon, relatif à la consommation, le président du Snof prend de nouveau la parole, dans une tribune adressée aux sénateurs, pour tirer la sonnette d'alarme sur son contenu qu'il estime "dangereux".

Ce mardi, les sénateurs doivent étudier le projet de loi portant sur la consommation, projet né à l'initiative du ministre Benoît Hamon. Ce projet inquiète au plus haut point le Syndicat national des ophtalmologistes de France, qui se mobilise pour attirer l'attention sur un amendement qu'il estime particulièrement "dangereux" pour la santé visuelle des Français. Son président, le Dr Jean-Bernard Rottier, prend une nouvelle fois la plume pour se faire entendre des sénateurs. "Au cœur de ce texte destiné à accroître la concurrence des produits de grande consommation, deux dispositions remettent en question l’organisation de la filière de soins ophtalmologiques et font basculer la santé des Français dans le domaine commercial", commence-t-il dans sa lettre ouverte. Il explicite le pourquoi de ses inquiétudes : "Suite à l’amendement n°725 adopté en commission, le projet de loi autorise désormais les magasins d’optique et les sites de e-commerce, à vendre des lentilles de contact sans prescription médicale, au mépris des dangers liés à une mauvaise adaptation de la lentille à l’œil du patient, et à l’encontre des recommandations de l’Académie de médecine". Cette dernière s'est en effet prononcée en juin dernier sur la question, en déclarant, comme le rappelle le Dr Rottier, que « la mesure de l'acuité visuelle et la prescription de corrections optiques sont, et doivent demeurer, un acte exclusivement médical, indissociable d’un bilan complet de l'appareil visuel ».

Le représentant des ophtalmologistes est également préoccupé par le fait que cet amendement fasse passer la durée de validité des ordonnances de lunettes de 3 à 5 ans, quel que soit l’âge du patient. "Le fait que cet amendement ait été adopté par la Commission des affaires économiques, sans avis de la Commission des Affaires sociales, sans aucune sollicitation des instances sanitaires ni évaluation des risques sur la santé des Français, alors même qu’il modifie en profondeur le fonctionnement du système de soins et de prévention, veut déjà tout dire...", s'insurge M. Rottier.

Pour lui, cet amendement constitue une entorse au principe de précaution. À l'appui de sa position, il rappelle que "les récents scandales sanitaires nous ont appris que les produits de santé ne sont pas anodins. Augmenter la consommation de produits de santé en dérégulant leur distribution au nom de la libre concurrence, est irresponsable. Contourner les problèmes de démographie médicale en démédicalisant la prise en charge, est dangereux. Faire croire aux patients qu’ils font une économie en échappant au diagnostic d’un vrai professionnel de santé, est mensonger". Et de conclure : "En matière de santé publique, l’intérêt supérieur du patient doit prévaloir sur le business des grandes enseignes commerciales. Le Code de la Consommation ne peut pas se substituer au Code de la Santé !"

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