Contre toute attente, le baromètre du cabinet Altares fait état d'une baisse très importante des défaillances des commerces d’optique sur l’année 2020, du fait des aides apportées par les pouvoirs publics. Faut-il craindre un contrecoup brutal en 2021 ?

Altares, le cabinet qui suit l’évolution des défaillances d’entreprises, a publié les chiffres 2020. Pour l’optique, comme pour bien d’autres domaines d’activité, les résultats sont bien moins catastrophiques que ce que l’on pouvait craindre vu le contexte. Le secteur enregistre ainsi 53 procédures (44 redressements judiciaires, 9 liquidations), soit quasi moitié moins qu’en 2019, année qui avait vu 100 défaillances prononcées. Étant donné la conjoncture pour le moins tendue en 2020, on aurait pu même s’attendre à ce que le secteur batte « son record », si on peut dire, de 2018 (il y avait alors eu 114 procédures).

Comment expliquer cette situation relativement privilégiée pour l’optique ? Thierry Million, le directeur des études Altares, nous fait ce commentaire : « La France termine l’année 2020 avec des défaillances en recul de près de - 40 %. L’engagement du 'quoi qu'il en coûte' pris par le Président de la République en mars dernier a évité que la violente crise économique ne vienne noircir les registres des tribunaux de longues listes de faillites Covid-19. Le niveau de défaillances de 2020 s’apparente pourtant à une anomalie statistique. Comment imaginer que 2020 ait pu compter ‘seulement’ 32 000 défauts (tous secteurs confondus_ndlr) ? Les adaptations juridiques, administratives et soutiens en trésorerie ont permis aux entreprises de se prémunir du défaut de paiement, sans quoi le pire était à redouter. Les précédents records de défaillances, proches de 65 000, auraient été largement dépassés. » Et l’intéressé de préciser encore : « Toutes les entreprises en difficulté (en situation de cessation de paiement) qui auraient dû déposer le bilan, sans exception, ont été autorisées à ne pas le faire sur la période 12 mars au 23 aout. Les défaillances auraient pu de nouveau arriver en nombre important à partir d’octobre (24 aout + 45 jours délais légal de déclaration de cessation de paiement) mais les aides se sont poursuivies et les chefs d’entreprises ont pu tenir. »

Bref, si le nombre de défaillances a fortement reculé en 2020, c'est principalement du fait des aides importantes apportées par les pouvoirs publics. Bien des décideurs de la profession redoutent toutefois, et logiquement, un sérieux contrecoup dès 2021. Sous perfusion avec les aides gouvernementales, certaines sociétés trop fragilisées pourraient en effet ne pas se relever à moyen terme. C’est à ce moment-là, d’ici deux ou trois ans, que la bombe à retardement risque d’exploser…

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