Alors que le gouvernement poursuit sa politique aberrante de valse économie, les entrepreneurs cherchent d’autres horizons, car fort heureusement, la France n’est pas le monde. Et si le FMI et l’OCDE prédisent de concert une fin d’année 2014 peu vigoureuse et une année 2015 hésitante, et plus particulièrement en Europe avec une croissance molle et une déflation en germe, les perspectives demeurent positives dans de nombreuses autres régions de la planète.  

Des perspectives particulièrement encourageantes pour le secteur de l’optique-lunetterie porté par des paramètres sociétaux et économiques convergents. En effet, selon le St. John’s Research Institute (SJRI), les facteurs de croissance  de la filière ne manquent pas. Pour commencer, la poussée démographique qui fait mathématiquement augmenter le nombre de personnes ayant besoin de corriger leur vision : la population mondiale va s’accroître de 16,8% entre aujourd’hui et 2020. Et le nombre de personnes ayant recours aux lunettes, aux lentilles ou à la chirurgie réfractive progressera de 78,9%, sous l'effet de facteurs économiques positifs et de l'amélioration des systèmes de prise en charge dans les pays émergents. A cela s’ajoute un phénomène universel, le vieillissement de la population globale qui augmente de 2% par an : les plus de 65 ans sont 600 millions aujourd’hui, ils seront 1,1 milliard en 2030. Le St. John’s Research Institute a aussi analysé les mutations sociétales, notamment les changements de comportements des individus ; ainsi, les plus jeunes passent en moyenne plus de 7 heures par jour sur un écran (smartphone, tablette, ordinateur, TV) avec pour conséquence une fatigue visuelle qui peut nécessiter un équipement. Et sans qu’il soit prouver une relation de cause à effet, les chercheurs ont constaté une forte progression de la myopie dans le monde : 40% des 12-54 ans aujourd’hui, contre 20% dans les années 70 ; aux Etats-Unis près de 45% de la même tranche d’âge contre 25% au début de la décennie 70. Dans les zones urbaines des pays asiatiques comme la Chine, la Corée, Singapour, Taïwan, Hong Kong et le Japon cette amétropie affecte près de 90% des jeunes en fin de parcours scolaire, ils n’étaient que 25 à 40% dans les générations précédentes.

Cette croissance organique va incontestablement stimuler le secteur de l’optique-lunetterie et amorcer des grandes manœuvres. Le rapprochement envisagé (et abandonné depuis) entre Luxottica, numéro 1 mondial des montures de lunettes, et Essilor, numéro 1 mondial des verres, est déjà un signal. De même que la création d’une entité dédiée aux lunettes par le groupe de luxe et lifestyle Kering (Gucci, Saint Laurent, Bottega Veneta, Balenciaga, etc.) en est un autre. Au plan mondial, les lunettes griffées mode et luxe génèrent des ventes de plusieurs centaines de millions d’euros par an, avec des marges très confortables et des croissances à deux chiffres. Pour Kering, le seul volume de l’activité lunettes pèse environ 350 millions d’euros avec onze marques… Des concentrations sont donc à attendre du côté des grands industriels (Luxottica, Safilo, Marchon, De Rigo, Marcolin, etc.) qui devront se focaliser sur leurs marques propres. Et il faut s’attendre à une recomposition du marché à l’échelle planétaire avec un nouvel activisme de ces groupes internationaux, une mutation de la distribution confrontée à internet, et l’entrée de nouveaux acteurs (Amazon, Google, etc.) qui ont tous conscience du formidable potentiel de l’optique-lunetterie avec des porteurs de plus en plus consommateurs d’accessoires, et un nombre conséquent de personnes ayant un défaut visuel non corrigé : entre 70 et 75% de la population mondiale d’après Essilor. Un potentiel considérable qui promet encore des jours prospères à cette industrie lourde.