Les habitudes semblent avoir la vie dure dans le domaine de l’optique, en témoigne le dernier Sofinscope, le baromètre OpinionWay pour Sofinco qui analyse le budget santé des Français.

Les habitudes semblent avoir la vie dure dans le domaine de l’optique, en témoigne le dernier Sofinscope, le baromètre OpinionWay pour Sofinco qui analyse le budget santé des Français.Le renoncement à des dépenses d’optique du fait de leur coût ont en effet encore augmenté : 51% des personnes interrogées cette année y renoncent, elles étaient 47% en 2015, 45% en 2014, 42% en 2013… Comment expliquer une telle situation alors qu’il existe sur le marché des offres calibrées sans reste à charge, notamment promues par les mutuelles, et alors que le marché de l’optique est fortement concurrentiel ?
On peut avancer plusieurs explications.

Première explication, les enseignes s’efforcent de communiquer largement sur des promotions d’appel pour marteler leur activisme dans la défense du pouvoir d’achat, mais les prix bas annoncés sont noyés dans une multiplication d’options qui n’apporte pas de clarté au débat. A l’image du secteur de la téléphonie dont la surenchère d’annonces crée de la suspicion chez des consommateurs pour qui la concurrence ne saute pas aux yeux. Ainsi, l’optique continue de manquer singulièrement de transparence.

Deuxième explication, il semblerait que la ténacité des grands médias à écrire des articles à charge et à réaliser des reportages peu documentés qui laissent accroire que « les lunettes sont chères », ne participe pas non plus à rassurer des non porteurs soupçonneux qui craignent pour leur pouvoir d’achat. Dire aujourd’hui que « les lunettes sont chères » est purement et simplement de la désinformation, pourtant les professionnels de l’optique, à de rares exception près, ne paraissent guère pressés à se mobiliser pour démolir cette contre-vérité.

Troisième explication qui a un lien direct avec la précédente : la complicité silencieuse d’opticiens sous enseignes traditionnelles ou indépendants qui dénoncent le moins-disant qualitatif des acteurs low-cost et l’impéritie des pure players du web, des pure players contraints par un encadrement excessif de l’Etat, comme le sont les médicaments OTC (Over the Counter) dont les pharmaciens ne veulent pas partager la manne avec la grande distribution. Une paire de lunette est un équipement de santé qui exige des verres de qualité (donc chers ?) adaptés au besoin de chacun, des conseils de vrais professionnels et un suivi relationnel. Si tout cela est en partie vrai, il n’empêche que pour acheter des verres simples avec une ordonnance en bonne et due forme, internet peut et doit être accessible à tous ceux qui le souhaitent et qu’il n’y a pas de contre-indication crédible. Soyons sûr que l’optique n’échappera pas un jour ou l’autre à une forme d’ubérisation. « Le sujet de l’optique est très compliqué, c’est un processus très long », constate avec philosophie Marc Simoncini, fondateur de Sensee qui creuse son sillon (Les Echos du 12 mai 2016).

Le déficit d’information et de pédagogie et le corporatisme de certains professionnels conduisent des milliers de non porteurs dans la nécessité à ne pas s’équiper, une situation aberrante pour ne pas dire scandaleuse quand on sait que le secteur de l’optique déstabilisé par un législateur inconséquent et des mutuelles opportunistes, a besoin de nouvelles zones de croissance. Pour stopper cet exponentiel renoncement aux soins des Français et sur un marché attendu en baisse cette année, les opticiens doivent rapidement s’atteler à changer leur point de vue sur l’optique.