C'est la proposition d'un sénateur pour faire évoluer la formation des opticiens et ainsi pallier au mieux la pénurie grandissante d'ophtalmologistes.

Toujours moins d'ophtalmologistes mais toujours plus de besoins en soins visuels. C'est le constat que fait Ronan Kerdraon, sénateur PS des Côtes-d'Armor, reprenant à son compte des données avancées par le Syndicat national des ophtalmologistes de France, pour lequel "en 2020, seuls huit millions de patients seront pris en charge contre dix millions aujourd'hui, alors que les besoins continueront de croître". Pas sûr, en revanche, que le Snof partage les propositions formulées par l'élu breton à travers une question orale publiée hier au Journal Officiel et adressée à la ministre de la santé Marisol Touraine (qui n'a pas répondu). Si le syndicat des ophtalmos souhaite depuis des années une augmentation de ses effectifs ou, à tout le moins, plus de délégations de tâches auprès des orthoptistes, le sénateur, lui, veut miser sur les opticiens dans le cadre de la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST) qui "prévoit des protocoles de coopération entre professionnels de santé". Il explique son point de vue à la ministre en soulignant qu'"aujourd'hui, on compte 25 000 opticiens-lunetiers, professionnels de santé qualifiés pour conduire des examens basiques de la vue, telle la réfraction. Ils pourraient être de véritables partenaires de santé des ophtalmologistes et contribuer à la prise en charge des patients, dans le cadre d'un protocole de soins conclu sous l'égide de la Haute autorité de santé".

Cette délégation de tâches, l'élu socialiste ne l'envisage qu'à la condition d'un renforcement de la "formation des opticiens-lunetiers en l'allongeant d'une année (trois ans contre deux ans aujourd'hui), afin de renforcer leurs compétences en matière d'examen de vue, d'adaptation de lentilles, voire d'initiation au dépistage". Et de préciser comment, selon lui, cette année supplémentaire pourrait se dérouler : "La troisième année de formation pourrait intégrer deux stages pratiques à l'hôpital et en cabinet médical, encadrés par des ophtalmologistes, afin de faire travailler ensemble ces deux professions, selon des modes opératoires voulus par les médecins spécialistes". M. Kerdraon tient à préciser enfin que "ce cycle de formation, qui serait reconnu par l'État et intégré dans le cadre du cursus européen licence-master-doctorat (LMD), pourrait être financé par les opticiens eux-mêmes, afin de ne pas alourdir les dépenses de l'État".

Pour recevoir les dernières infos, inscrivez-vous à notre newsletter