A travers l’étude de la localisation des médecins et des tarifs pratiqués pour 4 spécialités (dont l'ophtalmologie), l’association a cartographié l’offre médicale,  par commune, en tenant compte de la capacité financière des usagers à se soigner. Résultat : "une intolérable fracture sanitaire ».

Hier, 16 octobre, l’UFC-Que Choisir a rendu publique la carte de l’offre médicale en France, qu'elle qualifie d'"alarmante". Chiffres et examen approfondi du maillage médical hexagonal à l'appui*, l'association de consommateurs ne peut que constater, en la déplorant vivement, l'inégalité manifeste et croissante des Français devant le système de santé. Moins que jamais nos concitoyens sont égaux dans l'accès aux soins. Si les déserts géographiques ne concernent qu’à la marge les médecins généralistes (5 % de la population), tel n’est pas le cas pour les spécialistes puisque pour les pédiatres, les gynécos ou les ophtalmos, c’est respectivement 19, 14 et 13 % de la population qui se trouve dans des déserts médicaux, constate l'association de consommateurs, qui s'attarde notamment sur le cas des ophtalmologistes : "s’agissant du délai d’attente pour un rendez-vous chez l’ophtalmo, si dans un cas sur deux on l’obtient en moins de 79 jours en acceptant les dépassements, on passe à 131 jours au tarif de la Sécurité sociale, 1 mois et demi de plus  !". D'autres données sont encore plus parlantes (photo) : 20 millions de Français ont des difficultés d'accès à un ophtalmo et ce pour le seul critère géographique. Mais ce critère-là cumulé au critère financier, cette proportion de la population passe à 51,6 millions...
Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, l’exclusion sanitaire n’épargne aucune zone. "Si la désertification médicale touche majoritairement les zones rurales, l’exclusion sanitaire liée à la capacité financière des usagers ignore, elle, la segmentation ville/campagne", souligne l'UFC-Que Choisir. Et de citer en exemple les habitants de Paris, Saint-Etienne, Le Mans ou Aix-en-Provence qui "sont bel et bien dans des zones d’accès difficile s’agissant des ophtalmos ne pratiquant pas de dépassement d’honoraires". Ces constats en série font dire à l'association que "la présence des médecins, déjà vacillante, n’est donc pas une garantie d’accès : les dépassements d’honoraires pratiqués par une partie significative d’entre eux excluent les usagers les moins aisés. L’argument fallacieux des médecins tendant à justifier la généralisation des dépassements par la stagnation de leur rémunération ne résiste pas à l’analyse : leurs revenus, hors dépassement, ont augmenté de moitié (en plus de l’inflation) depuis 1980 !"

* Conformément à la méthode retenue par les pouvoirs publics pour identifier les déserts médicaux, l’UFC-Que Choisir a travaillé à partir de la densité nationale des médecins par rapport à la population. L’association a considéré comme « désert médical » les territoires dont la densité est 60 % inférieure à la moyenne nationale, « accès difficile » entre 30 et 60 % en dessous de la moyenne, « satisfaisant » entre la moyenne et 30 % en dessous, « offre abondante » jusqu’à 30 % au-dessus et « surabondante » de 30 à 60 % au-dessus.