Dans une lettre adressée aux ministres de la Santé et de l'Economie, Novacel conteste ouvertement sa mise à l'écart dans le référencement des verriers par Santéclair. Et parle "d'une situation dramatique" qui menace l'avenir de l'entreprise. 

L'annonce, par Santéclair, du référencement de seulement trois verriers pour son réseau ne passe pas chez Novacel, qui n'a pas été retenu. C'est ce qui a poussé Roger Dünning, son PDG, a adressé une lettre ouverte à Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la Santé ainsi qu'à Arnaud Montebourg, ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique. La "décision stratégique" de Santéclair, comme la qualifie Novacel, menacerait l'avenir de la production française. Ce serait également une atteinte au libre jeu de la concurrence et une remise en cause du libre choix du consommateur.
Après avoir rappelé l'importance de sa société sur le marché français (4ème verrier, 5,5 millions de verres vendus en 2013, 500 collaborateurs et une usine de 13 000 m2), Roger Dünning, le fondateur de Novacel, tire la sonnette d'alarme. Il veut ouvrir les yeux des deux responsables gouvernementaux sur une situation selon lui "dramatique" : "L’une des principales plateformes de service liée aux remboursements de soins, Santéclair (œuvrant entre autres pour la MAAF et Allianz) vient de décider de limiter via appel d’offre, la prise en charge possible des verres passant par leur réseau à trois verriers. Nous en sommes exclus : sur les 3 sociétés retenues (Essilor, Zeiss, Seiko_ndlr), 2 sont étrangères", déplore M. Dünning dans sa lettre aux deux ministres. Avant d'énumérer ses griefs : "Santéclair est bien sûr libre de ses choix, mais comment peut-on accepter d’exclure de ses réseaux de remboursement la seule entreprise à encore fabriquer 100% de ses verres de prescription en France ? Comment peut-on obliger un opticien qui veut des verres 100% Français, et qui a choisi Novacel comme partenaire, à devoir choisir un autre verrier ? Et si le mode de fonctionnement de cette plateforme se généralise à d’autres, quel autre choix aurons-nous que de nous aussi faire fabriquer nos verres en Asie pour plus de rentabilité et en conséquence de licencier les personnes employées sur le site de production en Picardie ?".

Le PDG de Novacel va plus loin : "Comment ne pas voir non plus dans cette décision une entrave au choix de l’opticien et donc du porteur ? Imposer 3 verriers c’est par définition exclure tous les autres et avec eux toutes les spécificités que peuvent apporter les différentes sociétés présentes. Cela en exclut aussi tout principe même de concurrence, voire même de création d’entreprise. Comment une société aujourd’hui pourrait-elle se créer en France sachant qu’elle ne serait pas libre de vendre ses verres via certains réseaux ? Sachant que toute création apporte son lot d’innovation et de concurrence, accepter ce principe c’est freiner toute idée entrepreneuriale. Le choix de Santéclair nous force d’ores et déjà à envisager de changer nos modes de production et de fonctionnement car de nombreux partenaires opticiens Novacel n’auront pas d’autre choix que de changer de fournisseur pour tout ou partie de leurs achats", continue d'expliquer M. Dünning. Le PDG de Novacel attend maintenant une réaction du gouvernement devant cette situation : "Le domaine de l’optique est montré du doigt depuis plusieurs mois et le gouvernement a souhaité plus de transparence et plus de concurrence dans notre domaine. Cette orientation de Santéclair va selon nous à l’encontre de cette concurrence, de l'intérêt du porteur final, et de l’opticien qui ne pourront plus choisir leurs verres et leur partenaire. Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, je vous demande de prendre en considération cette alerte car cette situation met en péril nos 500 emplois en Picardie". Marisol Touraine ou Arnaud Montebourg interviendront-ils "auprès de Santéclair pour maintenir ouverte l’accessibilité de leur réseau à plus de concurrence", comme le souhaite Novacel ?

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