Le Syndicat national des Opticiens Réunis (Snor) rend public le contenu de ses contacts avec les équipes de certains candidats à la présidentielle, notamment François Fillon et Marine Le Pen.

Au moment de son officialisation, début mars, le Syndicat national des Opticiens Réunis (ex-Synope) annonçait avoir sollicité tous les candidats à la présidentielle. Certains, c'est le cas de François Fillon et Marine Le Pen, ont répondu par écrit aux diverses interrogations du syndicat. On peut donc comparer le contenu de leurs réponses, thème par thème.

En matière d'organisation de la filière de santé visuelle, Marine Le Pen estime qu'"il faudra étudier la possibilité d'aller plus avant dans les délégations de tâches avec une réingénierie de la formation, notamment pour les opticiens". Il reviendrait aux "3 O" de discuter de la nature de ces prérogatives supplémentaires. François Fillon, lui, se prononce pour un réexamen attentif de "la répartition actuelle des compétences" des différentes "professions qui concourent à la santé visuelle". Il dit vouloir "faciliter le décloisonnement des pratiques".

Les populations fragiles, enfants et personnes âgées, font l'objet d'une attention particulière chez Marine Le Pen comme chez François Fillon. Dans l'idée de faire davantage de place à la prévention dans le système de santé, la candidate frontiste propose "des visites de prévention en matière de santé visuelle, qui pourront se faire dans le cadre de la médecine scolaire". On retrouve une approche similaire chez François Fillon : "L’éducation à la santé des enfants aura pour objectif, entre autres, la prévention du mauvais usage des écrans dont on sait l’impact délétère sur la vue. La médecine scolaire aura toute sa place dans le dépistage des difficultés visuelles". Cet apprentissage de la préservation du capital visuel trouverait sa place dans ce qu'il appelle un "plan santé à l'école".

Après les enfants, les seniors. Dans la perspective du vieillissement de la population française, Marine Le Pen souhaite une évolution de la prise en charge de la dépendance des personnages âgées. Pour compenser toute "privation sensorielle", dont la vue évidemment, elle souhaite mettre en place des "soins et dispositifs" d'accompagnement. Pour ce faire, elle juge nécessaire de créer un nouveau champ de protection sociale : "un cinquième risque de Sécurité sociale qui sera exclusivement consacré à la prise en charge de la dépendance et de la perte d’autonomie (…) pour éviter l’isolement et ses conséquences délétères". Quant au candidat de la droite et du centre, il entend faciliter l’accès aux soins optiques des seniors. Comment ? "En augmentant le nombre de personnes pouvant avoir accès à la complémentaire santé (ACS)".

Concernant les réseaux de soins et, plus largement, la question de l’indépendance d’exercice des professions de santé, François Fillon rappelle son "engagement en faveur de l’exercice libéral des professions de santé" et sont attachement à "la liberté de choix de son professionnel de santé par le patient". "Je veillerai à ce qu’en aucun cas la législation actuelle sur les réseaux de soin (loi Le Roux notamment) ne soit alourdie", ajoute de façon un peu sibylline François Fillon. La formulation de cette dernière phrase  est en effet suffisamment floue pour permettre toutes les interprétations. En l'état, doit-on comprendre qu'il se prononce pour un statu quo ? Sur ce point, Marine Le Pen se montre beaucoup plus directe : "Nous supprimerons les réseaux de soins sous l’autorité des complémentaires santé, affirme-t-elle ; non seulement ils nuisent à l’indépendance des professionnels, mais ils remettent en cause la liberté de choix des patients". De même veut-elle "abolir le plafonnement des remboursements par les complémentaires qui a été instauré par Marisol Touraine, car il a entrainé des restes à charge important pour les patients".

Enfin, sur le remboursement à 100 % des frais d'optique, les deux candidats ont pris position. "Dès la prise de fonctions du nouveau gouvernement, explique François Fillon, le ministre chargé de la santé fera mettre en chantier la révision de la LPPR (la liste des produits et prestations remboursables par l'Assurance Maladie_ndlr) afin de mettre en œuvre mon engagement d’une prise en charge à 100% des lunettes pour tous les jeunes de moins de 15 ans". Et le candidat de la droite et du centre d'ajouter : "Je vise un 'reste à charge 0' pour les postes de dépenses les plus coûteux pour les ménages, dans le dialogue avec les professionnels de santé. Pour les postes de santé qui occasionnent les restes à charge les plus importants, des travaux seront menés entre la Sécurité sociale et les complémentaires pour les réduire progressivement à 0 d’ici à 2022, tout en maîtrisant l’évolution des cotisations des complémentaires et en garantissant un haut niveau de qualité et de sécurité pour les prestations remboursées. Ces évolutions concerneront de manière prioritaire, notamment, l’optique".
Marine Le Pen se refuse à faire cette promesse relative à un remboursement à 100% : "S’il s’agit de remboursement à 100% les verres au tarif actuellement remboursé par l’Assurance maladie, cela ne changera pas grand-chose... S’il s’agit de rembourser à 100% les verres et la monture, sans critère ni limite, cela n’a pas plus de sens ; l’Assurance maladie n’a pas vocation à financer une monture dont les tarifs peuvent atteindre des sommes importantes, il faudrait nécessairement un plafond sinon tout le monde souhaiterait se faire rembourser la monture la plus chère, ainsi le 100% est trompeur". Ceci précisé, que pense-t-elle faire alors ? "Actualiser la liste des tarifs de remboursement de l’Assurance maladie afin que les verres soient remboursés à hauteur de ce qu’ils coûtent réellement. Pour la monture, ce sera aux complémentaires de payer. Il existe une offre pléthorique pour les montures, pour tous les goûts et à tous les prix. Il faudra que les opticiens appliquent le juste tarif, sans abus, et que les complémentaires consacrent le maximum des cotisations aux remboursements en lieu et place de la situation actuelle, telle que certains assureurs complémentaires consacrent plus de 40% des cotisations à leurs 'frais de gestion', avec une moyenne d’environ 20% tous types de complémentaires confondus".

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